Les Zones économiques spéciales en Afrique, un bilan mitigé
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Il existe 237 ZES ou Zones économiques spéciales en Afrique répartie dans 37 pays. Héritières des zones franches, elles sont considérées comme la clé du développement, comme ce fut le cas pour la Chine, il y a trois décennies. Pourtant avec vingt années de recul, des économistes sénégalais et français dressent un bilan en demi-teinte de ces ZES.

En vingt ans, elles ont poussé comme l’herbe en période d’hivernage. Le Kenya en dénombre 61, le Nigeria 38, l’Éthiopie 18. Les Zones économiques spéciales, le nouveau nom des zones franches, sont désormais plus vastes et plus mondialisées. L’Afrique espère grâce à elles rééditer l’exploit des pays asiatiques champions des ZES exportatrices depuis des décennies. Mais toutes n’apportent pas les bénéfices escomptés. C’est ce qu’analyse dans un rapport Moubarack Lô, le directeur général du Bureau de prospective économique du Sénégal. Il estime que les exemples de réussite sont encore rares.
« Vous allez les trouver au Maroc, avec la zone Tanger-Med qui est une référence au niveau mondial. À Maurice, même si Maurice a perdu un peu de sa vigueur. En Éthiopie, pays qui est en train d’émerger avec des investissements chinois et désormais européens. La zone de Nkok au Gabon, dans le domaine du bois qui a fait une percée ».
Beaucoup d’appelés et peu d’élus. Pour Moubarack Lô la raison tient au fait que les ZES ne sont pas suffisamment spécialisée, construites autour d’un avantage compétitif.
« Si vous voulez monter en gamme et avoir du succès, vous devez forcément vous spécialiser parce que ce qui fait le succès du modèle marocain, c’est l’automobile. Avec des investisseurs de classe mondiale qui sont venus avec leurs équipementiers et leurs fournisseurs. C’est ce qui a permis de créer des centaines de milliers d’emplois. Si vous allez en Eethiopie, ils se sont concentrés sur le textile, le cuir. Je pense qu’avec la maturité, il faut évoluer vers une spécialisation pour le succès des ZES ».
L’engagement total de l’état est aussi indispensable.
« Les ZES qui marchent, en général leur grand champion, c’est soit le chef de l’État, soit le Premier ministre. En tous cas c’est gérer au plus haut niveau de l’État ».
Autre écueil à éviter. Le prima à l’export. Avec des industries souvent étrangères implantées en leur sein, les ZES travaillent pour le marché mondial. Pour Moubarack Lô le piège serait d’oublier le marché africain.
« Aujourd’hui, si vous êtes dans les ZES, on vous permet d’écouler parfois jusqu’à 15%, 20%ou 50% sur le marché local, mais en payant les taxes qui vous ont été rétrocédées ou que l’on a levées au préalable. Donc, il faut faire des ajustements et pouvoir encourager la production africaine. Parce que la première bataille aujourd’hui, ce n’est pas l’exportation, c’est comment développer la base industrielle productive en Afrique ».
La zone de libre-échange constitue à cet égard une opportunité de premier plan. Les ZES ont l’avenir devant elles, estime Moubarack Lô.
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