Environnement: création d'un fonds pertes et dommages, en route vers la COP28
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Elle était très attendue notamment des pays d’Afrique. Et il a finalement été acté, lors de la dernière COP qui s’est tenue en Égypte, à Charm el Sheikh, la création d’un fonds pour les pertes et dommages. C’est-à-dire un fonds pour réparer financièrement les pertes subies par les pays les plus vulnérables à cause de phénomènes liés au changement climatique, dont ils ne sont pas responsables car très peu émetteur de gaz à effet de serre. Le principe a donc été acté, mais beaucoup de chemin reste à faire... Alors que les travaux préparatoires pour la prochaine COP ont débuté.

Ce nouveau fonds pose d’abord la question des sources de financement qui viendront alimenter ce futur fond. Mélain Assé-Wassa Sama est chargé de projet pour l’association Climate Chance : « Actuellement, il y aurait plusieurs options qui sont envisagées. L’une d’elles serait, au-delà des pays industrialisés qui alimentent déjà le financement climatique, d’élargir la base aux pays émergents, entre autres l’Inde, la Chine, l’Arabie Saoudite, le Qatar. Mais il faut noter qu’actuellement, il y a une opposition de ces pays-là. Une autre qui est de plus en plus évoquée est celle de taxer l’extraction des combustibles fossiles. Les études ont montré qu’environ 100 entreprises fossiles ont émis à peu près 50% des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle. Donc le but serait d’introduire une taxe. Par exemple, si elle était évaluée à 6 dollars la tonne, pourrait rapporter jusqu’à 150 milliards de dollars qui pourraient alimenter le fonds. »
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Estimer d'abord le préjudice
Il s’agit du principe du « pollueur-payeur ». D’autres questions émergent autour la création de ce nouveau fonds. Aïssatou Diagne est spécialiste des questions climatiques à la Banque ouest-africaine de développement : « Ça va être déjà d’identifier ou d’évaluer les vulnérabilités des pays. Il faudra identifier les pertes et dommages qu’on définit, il faudra définir l’horizon temporel qui sera pris en compte. Est-ce que ce sont des pertes et préjudices qui seront immédiats ou qui ont commencé il y a quelques années, etc. Il faudra les classifier en terme d’impacts. Il faudra évaluer la compensation financière qui sera apportée. »
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Collecter pour identifier les besoins
Sur le terrain, les organisations de la société civile s’organisent déjà afin d’apporter des éléments concrets pour les prochaines échéances. C’est ce qu’explique Moumouni Compaore, chargé de plaidoyer chez Oxfam au Burkina Faso : « Nous faisons ce que l’on appelle la collecte de récits de vies sur les pertes et préjudices auprès des petits producteurs, les agriculteurs pour non seulement prendre en compte leurs histoires de vie parce que, très souvent, soit elles perdent leurs productions agricoles, ou parfois même il peut arriver qu’il y ait des pertes en vies humaines. Donc, nous essayons de documenter cela et nous essayons aussi de créer des cadres de dialogue avec le gouvernement pour mettre en contact ces personnes-là, la société civile, et le gouvernement, pour discuter ensemble. Pour non seulement contextualiser la question des pertes et préjudices au niveau national, mais aussi identifier des voies de financement qui soient appropriées et équitables pour les communautés. »
Objectif également : éviter les écueils que certains fonds déjà existants rencontrent. La nécessité de passer par des organismes accrédités, le décaissement vers des entités éloignées des bénéficiaires ou encore la mise en place de prérequis que les communautés locales affectées peinent à remplir.
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