Tunisie: la vente des eaux florales, un complément de revenu pour les familles
Publié le :
Dans la région de Cap-Bon, la distillation des eaux florales permet à des milliers de familles de bénéficier d’un complément de revenu. Cette pratique place aussi la Tunisie en première place pour l’exportation du néroli, une essence très convoitée par les parfumeurs. Mais cette chaîne économique reste tributaire de nombreux facteurs.

De notre envoyée spéciale,
Dans le patio de sa maison, Fatma Limam, 81 ans, est en partie cachée par les effluves de la vapeur d’eau de géranium. Elle fait bouillir les fleurs dans un alambic pour distiller l’eau florale, une tradition qu’elle entretient depuis son adolescence. « Là, on visse le couvercle avec un tissu pour ne pas que la vapeur ne s’échappe trop, comme pour le couscous. Moi, je le fais parce qu’on se sert des eaux florales pour beaucoup de choses : l’eau de rose dans la cuisine, les gâteaux par exemple ; l’eau de fleur d’oranger parfume les viandes », explique-t-elle.
À Nabeul, dans la région du Cap-Bon, la vente des eaux florales représente un complément de revenu pour de nombreuses familles. Mais cela ne couvre pas les frais de production, selon la fille de Fatma, Douha. « C’est un peu fatigant et le revenu n’est pas très important. Elle prend pour une fechka, une bouteille de deux litres, seulement 4 dinars de marge. »
Une essence très convoitée
Au marché de Nabeul, les commerçants vendent les fleurs d’églantier et de roses pour la distillation… Jalel, 50 ans, qui fait ce commerce en complément de son travail dans le tourisme, a du mal à vendre. « C’est assez cher cette année, parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de pluie, donc le prix des roses a augmenté. Comme vous le voyez, certains clients viennent, demandent le prix, et repartent, ils n’ont pas assez d’argent. C’est la crise », se désole-t-il.
Dans cette économie des eaux florales, une se démarque : la fleur de bigaradier, récoltée entre mars et avril. Quatre-vingts pour cent de la récolte est destinée aux industriels qui en extraient le néroli, une essence très convoitée par les parfumeurs internationaux…Chedly Belkhodja en est l’un des producteurs. « C’est un marché qui est très sensible au niveau du prix parce que la récolte dure environ un mois et les quantités livrées sur le marché ou par les agriculteurs quotidiennement varient d’un jour à l’autre, indique-t-il. Il suffit qu’il y ait un temps un peu plus humide, plus frais ou du vent, ça va freiner la récolte alors du coup ça va tendre le marché, les prix vont monter et on doit gérer cette situation quotidiennement. »
Malgré ces imprévus spéculatifs, le néroli représente un atout économique pour la région. Le kilo se vend à 3 000 euros et la Tunisie fait partie des premiers producteurs sur le marché mondial.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne