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Rwanda: à Rubavu, les cultures de thé impactées par les inondations

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Les parcelles de nombreux agriculteurs ont été détruites par les inondations qui ont dévasté les provinces de l'ouest et du nord du Rwanda dans la nuit du 2 au 3 mai dernier. Le district de Rubavu a été l'un des plus touchés. Aux abords de la rivière Sebeya, les plantations de thé, l'une des exportations les plus importantes du pays, ont été en partie inondées. Une catastrophe pour des producteurs qui craignent que ce genre d'épisode se multiplie avec le changement climatique.

Les ouvriers creusent le lit du canal pour qu'il puisse contenir l'eau en cas de fortes pluies. Derrière eux, les plants de thé, recouverts par la boue, vont s'assécher au bout de quelques semaines.
Les ouvriers creusent le lit du canal pour qu'il puisse contenir l'eau en cas de fortes pluies. Derrière eux, les plants de thé, recouverts par la boue, vont s'assécher au bout de quelques semaines. © Lucie Mouillaud / RFI
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De notre envoyée spéciale à Rubavu,

Au milieu de sa parcelle, Pierre Ngirababyeyi compte encore les dégâts laissés par les inondations. Deux tiers de sa plantation de thé dans la vallée ont été détruits par les eaux. Un travail de plus de dix ans presque entièrement recouvert par la boue. « J’avais 13 hectares avec lesquels je pouvais gagner de l’argent, raconte le cultivateur. Je gagnais entre 600 et 700 000 francs rwandais chaque mois. Mes enfants pouvaient étudier à l’université grâce à cela. Mais à cause de ces catastrophes, je ne sais plus quoi faire. »

Dans cette coopérative de près de 2 000 agriculteurs, les producteurs s’activent pour tenter de protéger ce qui reste de leurs parcelles endommagées. Les travailleurs, pelles à la main, creusent le lit du canal principal qui traverse la plantation. « L'eau a emmené le sable du lit de la rivière dans la plantation, explique Florent Musavimana, agronome. Nous sommes en train de rétablir la grandeur de drain pour protéger notre plantation. »

Des prochaines récoltes dans deux ans

La prochaine étape est de déraciner le thé détruit. Mais le retour à la normale sera laborieux : pour les nouveaux plants, il faut compter au moins deux ans avant les premières récoltes. Un manque à gagner conséquent pour les producteurs affectés, qui ont acheté ces terres à des prix élevés. « Nous estimons les pertes à 350 millions de francs rwandais », précise Florent Musavimana.

Si les inondations sont fréquentes au Rwanda, ce dernier épisode était l’un des plus violents de ces dernières années. Selon Joseph Tuyishimire, chercheur en géographie, la topographie de la région la rend d’autant plus vulnérable à ces événements. « La littérature dit qu'auparavant, la région était recouverte de forêt naturelle, affirme-t-il. Celle-ci a laissé la place à des activités agricoles qui permettent l'augmentation de l'écoulement des eaux. La surpopulation de la région aggrave également les dégâts matériels causés par ces catastrophes. »

Avec environ 38 000 tonnes exportées l’année dernière, le thé est l’une des cultures les plus importantes pour les producteurs au Rwanda où près de 69% de la population est engagée dans des activités agricoles.

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