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Sénégal: la société civile veut de la transparence pour éviter la corruption dans les industries extractives

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Dakar se prépare cette année à commencer à exporter son gaz et son pétrole. Et les attentes sont énormes. Mais pour que les ressources bénéficient à la population, la société civile appelle à une bonne transparence pour limiter les risques de corruption, très élevés dans le secteur.

Le siège social de Glencore à Baar, en Suisse, le 14 avril 2011.
Le siège social de Glencore à Baar, en Suisse, le 14 avril 2011. AP - Urs Flueeler
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De notre correspondante à Dakar,

Le secteur des industries extractives est particulièrement propice à la corruption et aux détournements comme l’explique Papa Farra Diallo, président de la section sénégalaise de la coalition Publiez ce que vous payez : « C'est un secteur qui charrie beaucoup d'enjeux financiers. Si on ne fait pas attention, si on n'a pas un bon leadership, et un bon système de traçabilité sur toute la chaîne de valeurs, c'est la porte ouverte à la corruption ».

De cette prise de conscience est née la norme ITIE, ou initiative pour la transparence dans les industries extractives. De nombreux pays comme le Sénégal y adhèrent, et la norme a permis des avancées sur la traçabilité, comme l’obligation de publier les contrats miniers, gaziers et pétroliers.

Glencore déjà épinglé

Mais certains dénoncent une certaine hypocrisie. Le groupe minier suisse Glencore par exemple, a été condamné à 700 millions de dollars d’amende pour corruption aux États-Unis, mais faisait encore partie des sponsors de la conférence mondiale de l’ITIE mi-juin, à hauteur de 50 000 dollars. Souad Aden Osman est à la tête du secrétariat du panel de l’Union Africaine sur les flux financiers illicites : « Glencore a été pris. On se retrouve avec une compagnie qui continue à opérer dans les 6 pays qu'on estime victimes. S'il n'y avait pas eu cette investigation robuste aux États-Unis, on n'aurait rien su. Maintenant que c'est su et que tout est là, tout le monde fait semblant de ne rien avoir vu ! »

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Contacté, l’ITIE dit condamner ces pratiques et être en discussion avec Glencore concernant les mesures préventives prises par l’entreprise. Au niveau du Sénégal, la coalition Publiez ce que vous payez demande des efforts supplémentaires à l’État pour améliorer la confiance : « Le Sénégal a adopté un décret sur le RBE, le régime des bénéficiaires effectifs, pour savoir quelles sont les entreprises qui gagnent dans la sous-traitance. Donc c'est extrêmement important que le Sénégal aille plus loin et que ce registre des bénéficiaires effectifs soit publié et soit public. »

1 000 milliards de pertes

Le Sénégal pourrait tirer près d’un milliard et demi d’euros de recettes de son gaz et son pétrole entre 2023 et 2025. Au-delà de la publication des contrats et licences, l’ONG NRGI veut des mécanismes solides de contrôle. Aida Diop est chargée de programme senior pour l’organisation : « Nous devons mettre en place des mesures qui empêchent les détenteurs de pouvoir abuser de leur position, ce qui implique des contrôles sur les lobbyings, les dons, les permutations des fonctions publiques-privées des élites, des mesures anti-corruptives efficaces, et appliquées dans les entreprises impliquées dans le secteur y compris et surtout dans les entités comme PetroSen ».

Selon l’ONG Global Financial Integrity, l’Afrique a perdu plus de 1 000 milliards de dollars en flux financiers illicites au cours des 50 dernières années.

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