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Sommet d'affaires États-Unis-Afrique: l’Afrique du Sud bientôt exclue de l’Agoa? [2/4]

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La capitale du Botswana, Gaborone, accueillait, il y a une dizaine de jours, le 15e « US-Africa Business Summit », un sommet qui s’est tenu sans le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Les relations de l’Afrique du Sud avec les États-Unis se sont tendues depuis le début de la guerre en Ukraine, avec le choix de Pretoria de ne pas faire une croix sur ses bonnes relations avec Moscou. Un choix qui pourrait l’exclure du programme de préférence commerciale américain de l’Agoa.

Le président russe Vladimir Poutine, à gauche, s'entretient avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, après une réunion avec une délégation de dirigeants et de hauts fonctionnaires africains à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 17 juin 2023. (Image d'illustration)
Le président russe Vladimir Poutine, à gauche, s'entretient avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, après une réunion avec une délégation de dirigeants et de hauts fonctionnaires africains à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 17 juin 2023. (Image d'illustration) © Ramil Sitdikov / AP
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De notre envoyée spéciale à Gaborone,

Alors que le monde africain et américain des affaires s’était rassemblé à Gaborone au début du mois, le ministre du Commerce sud-africain a, lui, fait le trajet inverse, pour se rendre à Washington et tenter de sauver la place de l’Afrique du Sud au sein de l’Agoa. « Une visite nécessaire », selon Cynthia Griffin, représentante du département du commerce américain pour l’Afrique subsaharienne.

« Les demandes autour de l’Agoa sont à l’étude, pour toute l’Afrique subsaharienne, et le commerce continue pour l’instant, alors que l’Afrique du Sud échange directement avec le gouvernement américain et les législateurs. C’est important qu’il y ait une communication ouverte, de chaque côté, pour partager différents points de vue. »

Le mois dernier, des représentants du Congrès américain des deux partis avaient pourtant écrit une lettre pour réclamer le retrait de l’Afrique du Sud du programme. Ce n’est pas la première fois que le pays reçoit de telles menaces : en 2015, Pretoria avait été forcée d’ouvrir son marché aux volailles américaines.

Désormais, ce sont ses liens avec la Russie qui sont en cause, des liens utiles selon le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, puisqu’ils ont permis de mener une mission de paix.

« Nous avons des liens avec tous les pays du monde. Notre président, avec d’autres homologues africains, se sont rendus en Ukraine et en Russie. Peut-être que nos intentions sont mal comprises. Nous souhaitons simplement encourager les pays à parler entre eux et à régler leurs problèmes sans que des civils en subissent les répercussions négatives. »

Du côté du secteur privé sud-africain, on espère que la non venue de Vladimir Poutine au sommet des Brics saura adoucir Washington. Car un retrait de l’Agoa pourrait être lourd de conséquences selon Cas Coovadia, à la tête Business Unity South Africa (BUSA), l’un des syndicats du secteur : « Notre pays est l’un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis sur le continent. Et notre agriculture, ainsi que nos industries automobiles et minières en ont beaucoup bénéficié. Donc cela aurait certainement un impact fort. »

Mais au-delà de l’aspect politique, l’Afrique du Sud, qui a exporté, grâce à l’Agoa, 2,5 milliards d’euros de produits vers les États-Unis en 2021, voit son éligibilité être remise en question à cause de son classement par la Banque mondiale dans la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. Un argument que rejette Cas Coovadia : « Ce n'est pas recevable à cause de nos graves problèmes sociaux-économiques, avec un manque de croissance et un très fort taux de chômage. »

Le pays est, pour l’instant, toujours censé accueillir le sommet de l’Agoa sur son sol, d'ici à la fin de l’année.

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