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Dans le Somaliland, Berbera se place en concurrent de Djibouti

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L’Éthiopie et le Somaliland ont annoncé avoir trouvé un accord sur l’usage du port de Berbera. Le port commercial est sous la gestion de DP World depuis 2017. Le groupe a prévu d’investir 442 millions de dollars pour le corridor de Berbera afin de s’imposer comme une alternative à la traditionnelle route de Djibouti.

Port de Berbera, Somaliland.
Port de Berbera, Somaliland. AFP/Zacharias Abubeker
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Sur le terrain, de nombreux travaux ont été réalisés, témoigne le sénateur des Français de l’étranger, Olivier Cadic. Il s’est rendu sur place en juillet dernier. « Il y a un port tout neuf en eau profonde dont j'ai pu observer des travaux d'agrandissement. J'ai visité l'aéroport et il y a une piste d'atterrissage qui est la plus longue d'Afrique. Le nouveau terminal flambant neuf qui pourrait accueillir les avions-cargos. J'ai vu aussi la zone franche aussi toute neuve. J'ai pu circuler sur la toute nouvelle route qui relie la capitale Hargeisa au port de Berbera, voir un magnifique rond-point tout neuf, une sorte de rocade qui permet d'éviter le centre d’Hargeisa et de partir directement vers l'Éthiopie. Donc, on voit qu’il y a beaucoup de moyens qui ont été mis pour créer ce nouveau corridor. »

L’ambition serait d’y voir circuler 500 camions par jour alors que la qualité de cette route de plus de 900 kilomètres est très inégale. Cependant, les activités au port de Berbera sont belles et bien lancées. « Sur les statistiques, en tout cas de 2022, il y avait environ 123 000 conteneurs qui avaient été manutentionnés, indiqueYann Alix, délégué général de la fondation Sefacil, spécialiste des questions portuaires africaines. Ça veut donc dire qu’il y a encore de la place, évidemment, ça veut aussi dire que malgré tout, Berbera réussit à attirer des lignes régulières, pas nécessairement toujours au détriment de Djibouti, mais en tout cas, ça crée une alternative. Et donc, pour DP World, qui vend un peu un modèle clé en main de construction d'un port et ensuite d'une zone économique spéciale où on peut implémenter de l'activité industrielle, de transformation et ensuite d'investir le corridor. Je ne sais pas si on peut parler de succès ou d'échec. En tout cas, c'est une vraie alternative portuaire qui est née. »

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Une opportunité notamment pour les régions les plus enclavées du sud de l’Éthiopie. Éthiopie qui exporte des produits agricoles notamment pour plus de 4 milliards de dollars annuellement et qui par ailleurs importe hydrocarbures, de biens semi-finis et de consommation pour plus de 18 milliards. « J'y vois véritablement une saine concurrence entre deux corridors avec Djibouti qui a une très forte expérience et expertise vis-à-vis des chargeurs et des organisateurs de transport et les logisticiens éthiopiens. Mais ces derniers sont aussi motivés par la possibilité de pouvoir peut-être négocier aussi des temps de transit ou des taux de fret qui soient assez intéressants par le Somaliland via Berbera », note Yann Alix.

Cependant, contrairement à Djibouti, les conditions tarifaires et douanières entre l’Éthiopie et le Somaliland sont encore peu favorables. À noter également qu’en 2018, l’Éthiopie avait déjà voulu prendre des parts dans le port de Berbera avant de voir l’initiative achopper.

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