Afrique du Sud: une station d’épuration au Cap pour un jour rendre l'eau usée potable
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En 2018, la ville du Cap a vécu son « day zero », les robinets étaient presque à sec. Depuis, la gestion de l’or bleu a été complètement repensée, avec des investissements massifs. Près de la moitié du budget municipal pour les infrastructures est dédiée à cette gestion de l’eau. À Zandvliet, au sud de la ville, une station d’épuration a été entièrement rénovée pour un coût de 100 millions d’euros. Et l’objectif, à terme, est de rendre potables les eaux usées.

De notre envoyé spécial, de retour du Cap,
Le bâtiment principal est tout neuf, des murs blancs avec de grandes vitres donnent sur les machines. « La sécheresse nous a frappés entre 2015 et 2018, se souvient Christopher Norman, ingénieur de la station. Lors du “Day zero”, nous étions proches d’avoir les robinets à sec. La ville n'était absolument pas prête. Maintenant, nous avons ce nouveau programme de gestion de l'eau, qui comprend : la réutilisation, le dessalement et l'eau souterraine. Mais nous devons aussi faire face à des années de sous-investissements, surtout dans le domaine des eaux usées. C'est pourquoi nous avons maintenant des modèles de financement alternatifs, avec des partenariats public-privé par exemple. »
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Vingt étapes
Une politique de mise aux normes et d’amélioration est lancée, comme à Zandvliet, site entièrement rénové l’année dernière, pour un coût total de 100 millions d’euros. « C'est là que les eaux usées arrivent de différents quartiers, précise Christopher Norman. Elles sont pleines de toutes sortes de déchets et d'objets, beaucoup de vêtements et de bouts de tissus. » « Ici, les débris entrent, poursuit son collègue Keith Olsen. Ces pâles en métal les attrapent à intervalles réguliers et les font remonter pour les retirer de l’eau ».
L’eau continue son parcours aux quatre coins de la station, une vingtaine d’étapes en tout. Le filtrage est de plus en plus fin et chaque machine est différente, jusqu’à l’introduction de procédés chimiques ou biologiques. « Une partie de l'équipement très coûteux comprend ces souffleurs, explique Christopher Norman. L'eau est marron parce que nous injectons des particules actives sous pression, remplies d'organismes et de bactéries, pour traiter l'eau. »
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10 % de l’eau potable en 2040
Vient l’étape finale : les membranes, une installation coûteuse, mais innovante. « Les membranes ressemblent à des spaghettis, montre Christopher Norman. Elles trempent dans l'eau ; le liquide s’y infiltre, remonte le long de ces spaghettis, laissant tous les derniers minuscules éléments solides derrière lui. Avant, l’eau était marron, vous vous souvenez ? Regardez, maintenant qu’elle a traversé les membranes, elle est claire comme le cristal, on dirait de l'eau potable. Il reste seulement quelques particules mauvaises pour la santé. C'est pourquoi nous allons bientôt ajouter un bâtiment de traitement avancé, d’une valeur de 3,5 milliards de rands, pour vraiment purifier cette eau. »
L’objectif, à terme, est que cette eau coule dans les robinets. La ville du Cap prévoit que d'ici à 2040, cette eau réutilisée représentera près de 10 % de l’eau potable.
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