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Tarifs douaniers de Trump: en Tunisie, le secteur de l’artisanat premier touché

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En Tunisie, la hausse des tarifs douaniers imposée par les États-Unis va entrer en vigueur jeudi 7 août. Ce serrage de vis tarifaire s'inscrit dans le cadre d'une vague de surtaxes douanières qui touchent près d'une soixantaine de pays. Une augmentation de 25 % qui va surtout affecter l'artisanat tunisien dont les États-Unis sont les premiers importateurs.

Un artisan dans un atelier de poterie vieux de 800 ans à Guellala, sur l'île balnéaire de Djerba, en Tunisie, le 14 mai 2025. (Image d'illustration)
Un artisan dans un atelier de poterie vieux de 800 ans à Guellala, sur l'île balnéaire de Djerba, en Tunisie, le 14 mai 2025. (Image d'illustration) AFP - FETHI BELAID
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Avec notre correspondante à Tunis,

À l'Office national de l'artisanat, dans le quartier de La Manouba à Tunis, Karim Bairam supervise la découpe des pierres pour ses mosaïques. 80% de la production de cet artiste mosaïste et sculpteur part à l'export, une grande partie vers les États-Unis. « Je travaille avec des particuliers, des clients qui ont des maisons et qui veulent acheter une pièce souvenir d'ici comme une grande table ou un tableau », détaille-t-il. Il prend l’exemple de sa dernière pièce d’une valeur d’environ 3 000 dinars. Les taxes et les frais d'envois appliqués s’élèvent actuellement à environ 1 200 dinars, peut-être 1 600 environ après l’application des nouvelles taxes, explique l’artisan.

Des coûts de douane et de livraison qui sont aux frais du client. Pour l'instant, la différence n'est pas trop importante pour les commandes à l’unité des particuliers, mais Karim redoute les conséquences sur le long terme : « Avec une grande commande, ils vont calculer tout ça, tu vois, c'est sûr. »

Mesures pour une baisse des coûts d'envoi, diversification des marchés

Karim explore déjà de nouveaux marchés comme la Chine. Aux États-Unis, Kenza Fourati co-fondatrice de la marque Osay the Label, qui vend des babouches traditionnelles en cuir importées de Tunisie, craint de devoir augmenter ses prix pour ne pas diminuer sa marge déjà petite. « L'impact sur les artisans avec lesquels on travaille sera forcément qu'il y aura moins de production, le volume de production va forcément diminuer un peu si les prix changent », anticipe-t-elle. « C'est ça qui nous inquiète un peu, car notre travail est à échelle très humaine. Il y a des compagnies plus grandes qui peuvent absorber ces coûts et sont donc moins impactées. Mais des compagnies à petite taille comme les nôtres, ce sont elles qui en souffrent le plus. Les gens vont souffrir sur toute la ligne de production de ces tarifs », poursuit l’entrepreneuse.

À Tunis, à l'office de l'artisanat, Leila Maslati, la directrice, veut rassurer les 350 000 artisans qui travaillent dans le pays. Elle prévoit la relance d'un projet avec le ministère du Commerce pour faire baisser le coup d'envoi et de livraison vers les États-Unis, mais aussi une diversification des marchés. « L'Afrique, c'est important pour nous, cette année, on a eu deux participations qui étaient bénéfiques pour le secteur de l'artisanat, au Cameroun et aussi au Nigeria. Et on aura en 2026 une participation importante en Côte d'Ivoire », précise-t-elle. En 2024, le volume des exportations de l'artisanat représentait 160 millions de dinars tunisiens – environ 55 millions de dollars – plus d’un tiers destiné au marché américain.

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