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COP30 à Belém, au Brésil: l'enjeu de l'alignement des financements

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Dans une semaine s’ouvre à Belém, la COP30. Les dirigeants se sont donné l’objectif de trouver 1 300 milliards de dollars pour le climat l’année dernière. Comment mobiliser une telle somme ? C’est l’enjeu de l’article 2.1.c qui va être discuté à Belém. Alors que les États coupent drastiquement dans les aides publiques, les regards se tournent vers le secteur privé.

Le logo de la COP30  à Belém, dans l'État du Pará, au Brésil qui accueille la conférence du 10 au 21 novembre 2025.(Image d'illustration)
Le logo de la COP30 à Belém, dans l'État du Pará, au Brésil qui accueille la conférence du 10 au 21 novembre 2025.(Image d'illustration) AFP - THOMAS MORFIN
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Insuffler le changement à l’intérieur des États via leurs banques nationales et les Caisses de dépôts et consignations, c’est l’une des pistes pour Rémy Rioux, le directeur de l'Agence française de développement. « Les banques publiques sont au milieu de leur système financier. Elles émettent des obligations et au milieu de leur système économique, elles travaillent avec les entreprises, avec le secteur privé. Donc, ce sont des rotules, des instruments pour accélérer la lutte contre le changement climatique », explique-t-il.  

Les banques multilatérales de développement représentent 15% de l'investissement mondial dans le climat. Nicolas Picchiottino est le secrétaire général de Finance en commun, une alliance de 27 d’entre elles qui cherchent à entraîner le privé dans la finance climatique. « Il y a un rôle à jouer extrêmement important pour les banques publiques de développement », assure-t-il. « On en discute beaucoup avec des investisseurs privés. Et tous nous disent que travailler avec une banque publique de développement, notamment dans les pays du sud, ça leur permet de réduire leurs risques. Et donc, en fait, c'est une incitation très, très forte pour eux. Donc, ils ont besoin de plus travailler avec les banques publiques de développement pour qu'on ait plus de flux qui financent les transitions climatiques », poursuite Nicolas Picchiottino. 

Régler la question de la dette des pays du Sud

Des financements mixtes qui ne se feront pas sur simple incitation, estiment certaines ONG comme Reclaim Finance. « L’approche, dans tous les cas, ne va pas fonctionner si dans le même temps, on ne développe pas des mécanismes pour contraindre ces acteurs privés qu'on va aller chercher pour financer des solutions a également cessé, bien entendu, dans le même temps, de financer l'aggravation du dérèglement climatique », souligne Lucie Pinson la directrice de Reclaim Finance. Comment contraindre alors la finance privée ? « Ça peut passer par des lois nationales. Les chefs d'États sont très prompts à dire qu'il faut agir au niveau international. Et c'est vrai que le cadre multilatéral est propice. On peut penser aussi à la nécessité de mobiliser des espaces tels que le G20 pour entraîner les États les plus développés dans le financement des solutions », analyse-t-elle.

Même son de cloche chez CCFD Terre-Solidaire. « Malheureusement, il y a un désengagement public qui est venu se couvrir d'appels aux financements privés. Mais le financement privé ne va pas venir comme ça, d'un coup de baguette magique », alerte Mathieu Paris, chargé de plaidoyer à CCFD Terre-Solidaire. La question de la dette des États africains est un levier majeur selon les associations : « Sans résolution de la crise de la dette, on ne peut pas régler la crise climatique. Quand des pays du Sud consacrent 40% environ de leur budget à rembourser leur dette, c'est autant d'argent qui ne peut pas aller dans la lutte contre le changement climatique. Par exemple, en Afrique, il y a 23 pays qui sont en situation de surendettement. Au Ghana, en Zambie, au Kenya, le service de la dette absorbe entre 30% et 50% des recettes publiques. Pour nous, il faut absolument adresser ces deux crises et la COP en a l'opportunité, notamment via cet article  2.1. » L'année passée, les pays du Sud ont payé 920 milliards de dollars juste pour rembourser les intérêts de leur dette. Ce sont près des trois quarts des financements recherchés.

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