L’Afrique du Sud toujours plongée dans le chômage de masse
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L’Afrique du Sud ne parvient pas à trouver de réponse à la crise du chômage de masse qui la frappe. Le pays connaît l’un des taux de chômage parmi les plus élevés au monde, et selon les derniers chiffres disponibles, il a encore augmenté, entre avril et juin de cette année.

De notre correspondante à Johannesburg,
Désormais, 33,5 % de la population active est sans emploi. Ce taux grimpe même jusqu’à 42,6 % si l’on prend la définition plus étendue qui inclut ceux qui ont abandonné toute recherche. Nikelwa, 27 ans, a terminé sa formation de commise de cuisine il y a six mois. Depuis, sa recherche intensive de travail n’a rien donné. « Quand je postule à des offres, on me dit avoir besoin de personnes avec de l’expérience, donc il n’y a pas d’opportunités », témoigne-t-elle. Elle s’inquiète de ne pas réussir à trouver un emploi rapidement : « J’ai un fils, et tout cela est très frustrant, car il grandit, je ne sais pas comment il va pouvoir aller à l’école. » Par dépit, elle veut désormais tenter autre chose, en suivant une formation en production audiovisuelle à Soweto.
Les chiffres du chômage, en Afrique du Sud, viennent de connaître une troisième hausse consécutive et leur plus haut niveau depuis deux ans. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. « On sait que l’éducation continue d’être un facteur : moins il y a de niveau d’études, plus il y a de risques de chômage. Les jeunes sont aussi davantage touchés, car ils ont moins d’expérience sur le marché du travail, explique Ariane De Lannoy de l’Unité de recherche sur le travail et le développement en Afrique australe (Saldru) de l’université du Cap. Mais, bien sûr, à un niveau macroéconomique, on a surtout une situation où l’économie ne progresse pas assez pour encourager la création d’emplois, et même quand il y a de la croissance, elle n’est pas inclusive. »
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Des couches sociales différemment concernées
Le FMI prévoit une croissance inférieure à 1 % pour 2024. De plus, les très fortes inégalités au sein du pays ont des conséquences lorsqu’il s’agit de trouver un emploi. Sharmi Surianarain peut en témoigner, elle qui travaille pour Harambee, une organisation qui tente d’aider les jeunes dans leur recherche. « Cela implique du temps et de l’argent, pour payer par exemple les données mobiles sur le téléphone. Il y a aussi une exclusion géographique, car beaucoup de jeunes vivent loin des zones où se trouvent les emplois », a-t-elle pu constater. Les barrières se posent également en termes de genre lorsqu’il s’agit de trouver du temps et de l’argent pour chercher du travail. « Et même quand ils décrochent quelque chose, c’est très souvent un contrat temporaire, sans oublier l’existence d’un écart de rémunération entre les sexes », poursuit-elle.
Résultat : des segments de la société sont davantage à risque d’être touchés par le chômage. « Dans les recherches que l’on mène auprès de jeunes sans éducation, emploi, ou formation, on observe qu’ils ont plus de chances de se retrouver dans cette situation s’ils sont noirs, de sexe féminin, s’ils résident dans un foyer où il y a des enfants de moins de 7 ans, et vivent en dessous du seuil de pauvreté », souligne la chercheuse Ariane De Lannoy.
Le parti de l’ANC a réagi après la publication de ces chiffres en déclarant ne pas se concentrer sur des fluctuations par trimestre, pour travailler sur une « plus longue période ».
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