Pourquoi le lait d’avoine sera bientôt coté à Wall Street
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Oatly, le numéro un mondial du lait d’avoine a officialisé hier son introduction prochaine à la Bourse de New York. Cette entreprise suédoise espère capitaliser sur l’appétit grandissant pour les alternatives au lait de vache.

Son lait d’avoine n’est pas encore rentable et pourtant Oatly pourrait être valorisée 10 milliards de dollars à Wall Street. Ce qui fait dire à l’un de ses hauts dirigeants que c’est un peu le bitcoin du végétal. La marque suédoise longtemps cantonnée au rayon des curiosités exotiques des magasins bio a explosé ces cinq dernières années. Elle est partie à la conquête du public américain puis chinois en s’introduisant dans les coffee shops avec une réputation de produit haut de gamme. C’est aujourd’hui le lait végétal le plus vendu au monde après le lait d’amande. Avec des arguments écolos et humanistes.
Son ambition est aujourd'hui de nourrir la planète avec un produit bon pour la santé et l’environnement
Ses bienfaits alimentaires sont réels pour les adultes soucieux de leur ligne, moins pour les enfants. Car les qualités nutritives du lait de vache en font encore un aliment imbattable pour leur croissance. En revanche l'étiquette qui indique l'empreinte carbone sur chaque brique d’Oatly est plus convaincante. Le lait végétal participe à la lutte contre le réchauffement climatique car ses émissions de gaz à effet de serre sont bien en dessous de celle du bétail, qui émet à peu près autant de gaz nocifs que l'industrie pétrolière. Cela fait des siècles que les Chinois boivent du lait de soja, ou que les habitants du Moyen Orient se délectent du lait d'amande. Mais aujourd'hui ce sont des laits high tech que proposent les nouveaux venus.
Ces startups ont de quoi inquiéter les éleveurs traditionnels ?
Elles rêvent effectivement de les remplacer. Le chilien NotCo base ses recettes sur un algorithme qui identifie les plantes les plus adaptées pour reproduire le goût et les qualités gustatives des aliments carnés. La startup israélienne Biomilk, qui sera sans doute prochainement cotée au Nasdaq à New York, fabrique du lait de synthèse cultivé en laboratoire. Il a le goût de l'original et ses propriétés mais il n'est pas sorti du pis de la vache.
De quoi faire pâlir « La vache qui rit », le fromage français qui célèbre cette année son centenaire. En France, la consommation du lait animal tend à baisser au profit du lait végétal
Le jeu est encore inégal. Le marché mondial du lait se monte à 650 milliards de dollars, le lait à base de plantes c'est pour le moment 17 milliards de dollars, mais sa croissance est ultra rapide. Nestlé et Danone sont déjà sur ce créneau.
Le français Lactalis, le numéro un mondial du lait animal, propose lui aussi des alternatives végétales. Pour se démarquer de ces acteurs traditionnels Oatly communique volontiers sur le rejet du lait. Une stratégie publicitaire basée sur le respect de l'environnement. Mais quand la société oublie ses valeurs au nom de ses intérêts financiers, elle s'expose à de virulentes critiques. On lui reproche l'entrée dans son capital de BlackStone, un fonds américain accusé de déforestation en Amazonie. Et du conglomérat public chinois China Resources. La présence de la star américaine de la télévision Oprah Winfrey et du rappeur Jay-Z ont en revanche servi son image. C'est bienvenu, car la concurrence est rude et Oatly est encore un poids plume face aux géants de l'agro-alimentaire.
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