C'est le premier achat d'un studio historique par un géant d'internet. Amazon va manger le mythique lion de MGM. Annoncé mercredi, le coût de la transaction s'élèverait à près de 8,45 milliards de dollars et signerait l'acquisition de plus de 4 000 films de légende, dont « James Bond », « Rocky » ou encore des séries à succès comme « The Handmail's tale » et « Fargo ». Un trésor de guerre pour permettre à Amazon de gagner des longueurs sur Netflix, la référence dans le streaming vidéo.

La compétition a accéléré les mouvements de fusions ou acquisitions dans le secteur des médias et du divertissement. Deux cent quarante milliards de dollars, c'est désormais la valeur des rapprochements entre groupes du secteur qu'on observe cette année. Un niveau jamais vu en deux décennies. Outre le rachat opéré par Amazon, il y a eu quelques jours auparavant la fusion de Warner Media, la filiale du géant des télécoms américain AT&T, avec Discovery, leader mondial des chaînes thématiques : une transaction à 43 milliards de dollars. Plus tôt dans le mois, Verizon s'est défait de deux anciens pionniers d'internet, AOL et Yahoo.
MGM cherchait un acheteur
On a tendance à justifier beaucoup de choses par le Covid. C'est encore le cas ici. C'est vrai que la pandémie a éloigné le public des lieux comme les cinémas, affaiblissant les studios. Et au contraire, elle a renforcé des groupes du numérique comme Amazon qui a vu ses revenus bondir de 100 milliards de dollars l'an dernier, à la faveur du confinement. Cela a aussi laissé le temps à Amazon de fourbir ses armes et sa stratégie pour se lancer dans des rachats importants destinés à étoffer sensiblement ses contenus. Les droits de diffusion du championnat de foot américain, les droits du Seigneur des anneaux et désormais un catalogue de légende, celui d'un studio quasi centenaire et multiprimé.
L'enjeu : rattraper le monstre Netflix
Amazon rejoint la cohorte des géants de la vidéo en ligne. Netflix, le leader avec ses 208 millions d'abonnés, est suivi par Disney qui en a moitié moins. Jusqu'ici, Amazon ne brillait pas par une offre pléthorique. Or, il a compris qu'il fallait la densifier.
Et Amazon a une force que les autres n'ont pas : beaucoup de données d'utilisateurs, susceptibles de proposer des services à la carte, pas seulement de la vidéo. De vous faire passer plus rapidement et plus souvent d'un film, à la plateforme d'achats de biens en ligne.
Après tout, Amazon est surtout un géant du commerce et son objectif premier, c'est de vous « vendre plus de chaussettes » pour reprendre les mots de son patron Jeff Bezos.
Quel regard les autorités portent-elles sur cette dernière grosse opération, notamment les risques pour la concurrence ?
Amazon est depuis quelques jours dans le collimateur d'un procureur de Washington pour une possible entrave à la concurrence dans le commerce en ligne. Le fait que le groupe contrôle 50% du marché en ligne amène à se demander si la dernière acquisition en date est de nature à renforcer encore cette position. À travers l'augmentation des abonnés de sa plateforme de vidéos en ligne Prime Video, la position d'Amazon dans le secteur pose question. Ce sera au département de la Justice de l'examiner. D'ici là, peut-être que vu le contexte, la mise en place progressive d'une nouvelle administration, le renforcement de l'arsenal anti-trust aux États-Unis sera remis à l'agenda politique. Un élu républicain de la commission anti-trust s'est déjà dit « inquiet » des dernières grandes manœuvres du géant Amazon.
EN BREF
Après le droit d'être salariés, les chauffeurs Uber autorisés à se syndiquer au Royaume-Uni
C'est un coup de boutoir de plus dans le modèle instauré par Uber. Deux mois après l'accord historique leur octroyant salaire minimum et congés payés comme tout salarié, les 70 000 chauffeurs d'Uber au Royaume-Uni pourront être représentés par un syndicat, GMB. Le syndicat et Uber « joindront leurs forces pour améliorer les normes du travail flexible » promet la plateforme. Une première là encore, et un changement de ligne qui doit beaucoup aux actions en justice visant Uber ces derniers mois, notamment une retentissante défaite devant la Cour suprême en février dernier.
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