Les crypto-monnaies: une menace ou un stimulant pour l'Éco ?
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L’Éco, la future monnaie de l’Afrique de l’ouest, devrait être lancé en 2027. C’est l’engagement pris ce week-end par la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest. D’ici là, d’autres monnaies pourraient se glisser dans le portefeuille des Africains : les monnaies digitales.

La question hyper inflammable de la sortie du franc CFA a pris beaucoup de place dans le débat public et a fait passer au second plan une révolution en cours dans le monde entier et aussi en Afrique : la révolution de la monnaie digitale. La réputation du bitcoin demeure sulfureuse. De plus en plus d’États le bannissent et en même temps cette monnaie cryptée les aiguillonne : leurs banques centrales cherchent la parade. Une soixantaine planchent actuellement sur des projets de monnaies numériques, dont une dizaine d'africaines. Le Nigeria par exemple, un membre clé de l’Éco, est en train de s’y mettre.
Le continent a déjà une longueur d’avance dans la monnaie digitale avec les paiements par téléphone
L’Afrique est l’une des régions du monde où le paiement en ligne s’est répandu le plus rapidement. Étant donné que très peu de gens ont un compte en banque, le paiement par téléphone comme le m’pesa proposé par Safari au Kenya, pour ne citer que le plus célèbre de ces moyens digitaux, a connu un succès foudroyant. Mais ces ersatz de monnaies numériques ont aussi leurs limites : pour préserver leur pré-carré les opérateurs ne facilitent pas les transactions d’un opérateur à l’autre. C’est pourquoi une véritable monnaie digitale garantie par une banque centrale serait un gain fantastique, capable d’accélérer les transferts d’une région à l’autre et si la technologie retenue est compatible, d’un pays à l’autre. Une monnaie qui résoudrait le problème de la trop faible bancarisation.
À condition que ces monnaies digitales soient accessibles à tous
C’est la promesse que doit tenir un État s’il veut que sa monnaie soit légitime. Or, tant que les raccordements à internet ne couvriront pas tout le continent, les billets demeurent le moyen de paiement idéal ; comment diffuser une monnaie cryptée à des citoyens qui n’ont pas internet ? C’est l’une des barrières à laquelle se heurtent les banques centrales africaines soucieuses d’offrir une monnaie aussi universelle et facile d’accès que le cash qu’on transporte avec soi. Pour être crédible, la monnaie cryptée doit aussi être traçable, c’est-à-dire relier à l’identité de ceux qui l’ont utilisée. Là aussi c’est un écueil en Afrique, avec un état-civil encore très chaotique.
Les pays membres de la Cedeao ont-ils anticipé cette mutation en envisageant un Éco digital ?
Pour le moment, les projets de monnaie digitale sont en chantier au niveau des pays. Le Ghana, membre de la Cedeao, se verrait bien en précurseur sur le continent. Proposer un Éco digital semble incontournable, sans quoi, la concurrence prendra le relais. Des États pourraient imposer leur devise cryptée. Pourquoi pas la Chine, le pays le plus avancé à la matière ? Et pourquoi pas des entreprises privées. Le site de vente en ligne chinois Alibaba propose déjà en Afrique son Alipay à travers un partenariat avec Ecobank. L’Américain Facebook prépare sa monnaie digitale, le Diem, qui sera adossé au dollar. Des alternatives qui pourraient rapidement saper la souveraineté monétaire chère aux Africains.
En bref
► Les marchés entament la semaine sur une humeur pessimiste. La bourse de Tokyo a perdu plus de 3% ce lundi et les bourses européennes ont ouvert en baisse. Partout dans le monde les investisseurs redoutent la hausse rapide des taux d’intérêt, ce qui signifie la fin de l’argent facile.
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