Au Liban, les pénuries s’aggravent sur fond d’impasse politique
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Au Liban, le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab appelle la communauté internationale à « sauver » le pays dont l'économie est en lambeaux. Mardi 7 juillet, il a demandé aux pays amis du Liban de ne plus conditionner l'aide financière tant attendue à la formation d'un nouveau gouvernement, actuellement dans l’impasse. Cette conditionnalité met en danger la vie des Libanais, affirme le chef de l'exécutif, tandis que ses compatriotes subissent chaque jour un peu plus les effets des pénuries.

La vie des Libanais empire de jour en jour, avec la pénurie désormais de nombreux produits essentiels, à commencer par le carburant. Toutes les villes connaissent désormais des files interminables de véhicules devant les stations-service – quand celles-ci sont approvisionnées. Sous la contrainte, les Libanais ont pris cette habitude d'attendre sous le soleil pendant des heures, parfois en famille, et parfois en vain.
De quoi faire monter la tension. Ces dernières semaines, les prix à la pompe n'ont cessé d'augmenter à cause des pénuries. Celle-ci affectent les automobilistes, les transporteurs, mais aussi le réseau des générateurs électriques privés dont dépend la majorité du pays car il n'y a pas d'opérateur public fiable au Liban. Les hôpitaux, eux, s'inquiètent désormais de savoir comment ils vont faire tourner leurs équipements. Les importateurs attribuent les pénuries à la lenteur de la banque centrale pour allouer les lignes de crédits.
Mais beaucoup mettent cette pénurie sur le compte des réseaux de contrebande vers la Syrie, voire d'opérateurs peu scrupuleux qui font des stocks de ce produit subventionné par l'Etat.
Subventionnés par l'État libanais, mais peut-être plus pour très longtemps
La fin annoncée du système de subventions en place depuis mi-2020 qui couvrait à son pic 300 produits de base – dont le carburant, la farine ou les médicaments – plane depuis des mois sur la société libanaise. Cette question épineuse déchire les factions politiques au pouvoir soucieuses de préserver leur base partisane. Mais comme la situation est intenable pour les finances publiques, les subventions sont revues progressivement à la baisse depuis des mois sans réelle communication, laissant aux Libanais la surprise de découvrir ces fluctuations au jour le jour.
Pour protester contre la perspective d'une levée des subventions sur le carburant, les transporteurs routiers s'apprêtaient à faire grève aujourd'hui. Ils y ont finalement renoncé après avoir été reçus par le Premier ministre et s'être vus promis une aide pour les travailleurs du secteur, notamment pour les fameux « taxi-service », les taxis collectifs lourdement frappés par la crise du carburant.
Une nouvelle « carte d'approvisionnement » destinée aux plus pauvres
Le Premier ministre a notamment accepter d'intégrer ces travailleurs à la liste des bénéficiaires d'une nouvelle « carte d'approvisionnement » destinée aux plus pauvres. Plus de la moitié des Libanais vivent désormais dans la pauvreté. Cette carte, approuvée par le Parlement la semaine dernière doit remplacer le système de subventions en allouant à 500 000 familles libanaises une somme entre 93 et 123 dollars mensuels. Mais le problème est que l'on ignore en quelle monnaie cette somme sera libellée. Cette question est loin d'être anodine dans un pays dont la monnaie – la livre – s'est effondrée face au dollar. L'hyperinflation fait partie du quotidien au Liban depuis l'effondrement des banques fin 2019.
Un autre écueil de taille réside dans le fait qu'on ne sait pas comment cette carte d'approvisionnement sera financée. Selon les discrétions d'une source gouvernementale à l'Agence France-Presse, elle coûtera 556 millions de dollars dont 300 millions grâce à un prêt de la banque mondiale. Or, ce prêt a été suspendu faute d'accord sur les critères d'attribution des aides et à un imbroglio ministériel qui retarde la mise en place du programme initialement prévu en juillet.
En bref, la fin du feuilleton Ever Given
En mars dernier, ce porte-conteneurs avait bloqué le canal de Suez pendant une semaine durant. Bloqué par les autorités egyptiennes depuis, il vient de recevoir l'autorisation de lever l'ancre.
Il reprendra la mer après une saisie conservatoire décidée par les autorités égyptiennes bien décidées à obtenir des indemnités de la part du propriétaire le japonais Shoei Kisen Kaisha. Car les opérations de dégagement qui ont duré près d'une semaine et le blocage de cette voie d'eau vitale ont couté cher : entre 12 et 15 millions de dollars par jour de fermeture. Le Caire réclamait 550 millions de dollars mais le montant final de la transaction pourrait demeurer secret.
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