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Ynsect, le champion français de l’alimentation à base d’insectes

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Une entreprise française est devenue en dix ans, le leader mondial de la production de farine d’insectes. Ynsect, c’est son nom, construit des fermes d’élevage et de production. La farine à base de ver de scarabée Molitor est recherchée par les industriels de l’alimentation pour animaux pour ses qualités en protéines.

Élevage d’insectes chez Ynsect
Élevage d’insectes chez Ynsect © Olivier ROGEZ
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Avec des gestes délicats, Henri Jeannin plonge les mains dans un bac rempli de milliers de petits scarabées noirs… Il fait chanter les insectes.

« C’est les élytres qui s’entrechoquent entre chaque adulte. C’est vrai que moi de par mon expérience, je mets les mains dedans. C’est vrai que j’ai un rapport des fois différent de certaines personnes avec les insectes… »

Un rapport charnel

Henri Jeannin élève des insectes depuis toujours et c’est pour cette raison, qu’il y a dix ans, Antoine Hubert l’un des fondateurs d’Ynsect est venu le chercher. Le scarabée Molitor, ou encore ver de farine, était selon ces deux hommes le candidat idéal pour fabriquer industriellement de l’alimentation à base d’insectes.   

« Son grand intérêt, c’est que l’adulte ne vole pas, la larve ne grimpe pas, donc on peut les concentrer aisément dans des bacs en plastique pour les élever industriellement. »

Autre avantage du scarabée Molitor : un taux de protéine de 75% qui en fait un aliment hors du commun.

Ynsect a donc construit à Dole, dans l’Est de la France, avec l’aide d’Henri Jeannin une ferme unique en Europe. Un gigantesque cube haut de seize mètres. Une ferme verticale. Les bacs rouges où grandissent les larves de scarabée - il y en a 75 000 au total-, sont empilés les uns sur les autres. Et ce sont des robots industriels qui effectuent les tâches de nourrir, hydrater, trier les larves. Le tout, piloté par ordinateur.

« En face de nous, on a l’élevage proprement dit dans la ferme verticale, juste de l’autre côté de la cloison. On a sur un écran les températures, les hygrométries. Sur l’autre, on voit circuler les palettes. On a un robot Sysaxes, comme chez un constructeur automobile, qui va prendre les piles de bacs et les amener au tri. Du coup on a toute une zone qui est protégée pour la sécurité. »

Après treize semaines de croissance, les larves sont blanchies à la vapeur et passent à la centrifugeuse qui va en extraire une huile d’un côté et une farine de l’autre.

« Là on stocke tous les produits finis en attente de contrôle qualité, parce qu’on a pris des échantillons qu’on a envoyés dans un laboratoire pour nous donner le feu vert, nous expliqueAnaïs Maury, directrice des Affaires publiques et de la communication d’Ynsect. Et ensuite, ils partent chez les clients.

L’insecte en fait, c’est un ingrédient parmi d’autres d’une recette. On ne va pas donner que de l’insecte à ses animaux de compagnie. Il faut une alimentation équilibrée, l’insecte amène la protéine, des minéraux et des vitamines. Mais il faut qu’elle soit complétée. Donc, les ingrédients partent chez des producteurs de croquette ou d’alimentation pour poisson par exemple qui vont les intégrer dans une recette globale. »

L’usine de Dole produit mille tonnes par an. De la farine, de l’huile et du « frass », c’est-à-dire le composte créé par les larves. Aujourd’hui, Ynsect est sur le point d’ouvrir une deuxième ferme verticale dans la région d’Amiens. Sa capacité sera cent fois supérieure à celle de Dole. Toute la production future est déjà vendue. Ynsect est un champion mondial dans sa catégorie.

Ynsect est le leader mondial de la production d’insectes dans le monde. Nous sommes ceux qui avons le plus de technologie. On a trois cent brevets, soit plus de 50% des brevets du secteur. Nous avons le plus de sites de production. Nous en avons trois dont un en construction et deux qui produisent déjà. 

L’entreprise qui a levé en dix ans 425 million de dollars, compte désormais ouvrir une dizaine de sites similaires en Europe et dans le monde. Quant à l’usine de Dole, la toute première, elle sera destinée dans un futur proche à produire de la farine d’insecte pour la consommation humaine. 

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