Le télétravail choisi, la nouvelle norme de l’entreprise?

C’est aujourd’hui, mardi 31 août, en France le dernier jour de télétravail contraint pour des raisons sanitaires. À partir de ce soir, le gouvernement lève cette obligation faite aux entreprises ; la pratique ne va pas disparaître pour autant, bien au contraire, les employés en redemandent.

Le télétravail est devenu la norme pour de nombreux secteurs depuis le début de la pandémie de Covid-19, mais le droit à la déconnexion n'a pas suivi cette tendance. Ici, une employée et son chat à Sassenheim, aux Pays-Bas, le 2 octobre 2020. © REUTERS/Eva Plevier

En généralisant le travail à la maison, la pandémie a exaucé le vœu parfois inconscient de millions de salariés à travers le monde. Même quand les contraintes étaient fortes, avec la présence des enfants, dans des appartements exigus, un matériel informatique parfois peu performant, la conversion s’est effectuée à une vitesse ultra rapide avec une aisance déconcertante, en France comme dans tous les pays qui ont opté pour cette organisation à cause du confinement. À tel point qu’aujourd’hui, beaucoup de salariés souhaitent l’adopter définitivement, au moins quelques jours par semaine.

Les employeurs enthousiasmés par cette mutation ?

Ils sont assez partagés. Dans les start-up et dans les grandes entreprises, c’est une évidence. Certaines pensent même en faire un argument pour faciliter le recrutement. Le constructeur automobile Stellantis ou le groupe pharmaceutique Novartis ont pris les devants et déjà signé des accords avec les syndicats pour accélérer la mise en œuvre. Mais beaucoup de patrons sont encore réticents. Ils vont pourtant devoir s'adapter, même dans les entreprises les plus frileuses, le sujet est d’actualité cet automne, difficile d’imposer à son personnel la présence permanente sur le site quand il a démontré sa capacité à effectuer la même tâche à distance.

Une perte de productivité redoutée

C’est effectivement une de leurs craintes. Les études prospectives effectuées bien avant l’apparition du Covid démontrent au contraire que la productivité augmente quand on travaille à la maison, sans la fatigue des transports. L’expérience récente menée pendant dix-huit mois tend à conforter cette hypothèse, même si les chiffres sont encore peu fiables : certains salariés à la maison ont travaillé davantage par conscience professionnelle, d’autres ont aussi gonflé leurs résultats. Le travail à distance peut aussi être un avantage pour les entreprises, elles escomptent des économies en réduisant la taille de leur parc immobilier. Si l’entreprise est globalement gagnante, son environnement immédiat, celui des commerces exclus du télétravail, les cafés, les restaurants, vont en revanche en souffrir, ils vont perdre une partie de leur clientèle. À terme, cette mutation aura donc des conséquences sensibles sur l'économie et l'environnement des villes, avec des incidences sur le transport, l’immobilier et le commerce.

Le salarié est-il toujours gagnant ?

En France, le salarié n’a pas à craindre une baisse de son salaire comme cela est déjà le cas aux États-Unis où les géants du net utilisent cette menace pour contraindre leurs employés à revenir au bureau. Mais il peut être perdant sur ses frais d’installation pas toujours suffisamment couverts par son entreprise. C’est pourquoi même dans les sociétés les plus favorables au télétravail, les syndicats demeurent réservés et vigilants. Mais en qualité de vie, le travail hors de l’entreprise est plébiscité. Cette organisation n’est pas donnée à tout le monde. Le télétravail n’est pas généralisable à l’infini. Environ un emploi sur trois seulement est concerné.

EN BREF

En Chine, les usines ont tourné au ralenti cet été, l'activité industrielle n'a jamais été aussi basse depuis le début de la pandémie. Un indicateur qui nous rappelle que la menace Covid est encore bien présente dans le premier pays affecté par le coronavirus. La prolifération récente du variant Delta a douché l'optimisme des entrepreneurs chinois, ils ont restreint leurs commandes, d'où ce ralentissement très sensible au mois d'août, d'après les chiffres publiés aujourd'hui.

À noter qu'au Japon, la production industrielle est aussi en chute libre pour le mois de juillet, à cause de la pénurie de semi-conducteurs.