Pourquoi les algorithmes de recrutement sont contre-productifs
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Des millions d'Américains sont encore au chômage alors que les employeurs peinent à trouver du personnel. Le recours abusif aux algorithmes de recrutement expliquerait en partie cette situation paradoxale.

La cause invoquée le plus souvent dans l'opinion fait porter la responsabilité aux chercheurs d'emplois. Si les Américains pointent encore au chômage alors que l'économie repart, c’est parce que leur indemnisation, bonifiée pendant la pandémie, les dissuade de chercher un emploi. Une thèse qui n'aura plus cours puisqu'à partir d'aujourd'hui le coup de pouce octroyé par l'État au printemps 2020 est supprimé. Beaucoup de ménages vont se retrouver à court de revenu, mais cela ne va pas nécessairement les ramener plus vite vers le travail. Car d'après une étude publiée ce week-end par la Harvard Business School en partenariat avec Accenture, des millions d’emplois demeurent vacants, non pas par manque de candidats, mais surtout par la faute des algorithmes massivement utilisés aujourd’hui pour recruter.
Ces outils sont censés faciliter les embauches
Le recours à l’intelligence artificielle a permis d’automatiser le processus. Plus la peine de passer des jours et des jours à lire des milliers de CV, l’algorithme s’en charge : il fait un premier tri en les scannant à la place des responsables des ressources humaines. C’est beaucoup plus rapide, et c’est donc moins cher. Il y a aussi des entretiens vidéo, des jeux qui sont réalisés avec l’assistance de machines intelligentes pour décrypter le comportement et les qualités d’un candidat. Ces nouveaux outils sont apparus dans les années 1990 sont aujourd'hui en plein essor. 4 entreprises américaines sur 10 les utilisent, surtout celles qui embauchent massivement. Le confinement, contraignant un peu plus les rencontres, a aussi accéléré cette tendance.
En quoi ces algorithmes nuisent-ils au recrutement ?
Les employeurs multiplient les exigences, ce qui conduit la machine à faire une sélection forcenée. Un exemple fréquent : l’algorithme privilégie ceux qui sont déjà en emploi au détriment de tous ceux qui ont des périodes trop longues sans emploi, sans prendre en compte la cause de cette parenthèse. Ce qui élimine de fait, par exemple, les femmes qui ont renoncé à leur travail pour s’occuper de leurs enfants, ou celles qui ont accompagné leur époux à l’étranger, les vétérans de l’armée, ou encore ceux qui travaillent à temps partiel. Au moment où les candidats se raréfient, l’entreprise doit au contraire sortir de ces critères ultra sélectifs pour détecter surtout ceux qui ont la compétence recherchée. Mais les algorithmes ne savent pas encore tester la compétence : ils se contentent de trier en fonction du niveau scolaire, ce qui, là aussi, exclut des millions de candidats potentiels.
Les employeurs font-ils trop confiance aux algorithmes ?
Ils sont parfois leurrés par ces nouveaux outils. Et trop complaisants : peu d’entre eux vérifient la qualité de leur processus de recrutement. Ils en ont conscience : d'après l'étude de la Harvard Business School, 9 sur 10 reconnaissent que ces outils les empêchent de trouver le bon candidat. Les employeurs lassés de ne pas trouver la main-d'œuvre espérée commencent à revoir leur usage de ces logiciels. Certains, comme Amazon, les ont adaptés à leurs besoins, d'autres révisent les critères : la banque JPMorgan Chase a par exemple renoncé à discriminer les repris de justice, préférant laisser son service de sécurité en décider à l'étape ultime du recrutement. Et puis d'autres reviennent aux bonnes vieilles méthodes humaines. Quant aux chercheurs d'emploi systématiquement écartés des offres traitées par les algorithmes, ils tentent d'autres stratégies, préférant les recommandations et le bouche à oreille pour décrocher un job.
► En bref :
TotalEnergies a signé hier un méga contrat en Irak prévoyant 27 milliards de dollars d'investissements sur 25 ans. C'est le plus gros investissement jamais réalisé sur place par une entreprise occidentale, selon le gouvernement irakien. Au moment où les autres majors ont tendance à se désengager de ce pays détenteur des troisièmes réserves mondiales d'or noir, le français multiplie les projets dans le pétrole, le gaz et l'énergie solaire.
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