La BCE va sans doute maintenir son plan massif de soutien à l’économie
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La zone euro se porte de mieux en mieux sur le plan sanitaire et économique. Dans ce contexte plutôt rassurant, la Banque centrale européenne doit-elle prolonger son programme de soutien à l’économie ?

Cette question à 1850 milliards d’euros est aujourd’hui sur la table du conseil des gouverneurs ; ses membres se retrouvent à Francfort pour leur réunion mensuelle de rentrée. Ce chiffre astronomique, c’est le montant de l’enveloppe dédiée au soutien de l’économie de la zone euro depuis le début de la pandémie. Car même si la croissance rebondit, même si le chômage régresse, même si les faillites d’entreprises tant redoutées ont été évitées, la BCE achète toujours autant d'actifs chaque mois comme au plus fort de la crise du Covid et son programme est prévu pour durer jusqu'au mois de mars 2022.
L'économie s’est-elle redressée grâce à ce plan massif ?
Comme aux États-Unis avec la Fed, c’est effectivement ce soutien exceptionnel de la BCE, couplé à des taux au niveau du plancher, qui a permis d’éviter l’asphyxie de l’économie. Une belle réussite en termes macro-économiques, avec des retombées positives pour les entreprises et pour les ménages. Les plus riches et les plus pauvres en sont les plus grands bénéficiaires selon Global Sovereign Advisory. Les plus riches détenant des actifs financiers ou immobiliers ont profité de la frénésie boursière alimentée par cette politique accommodante. Quant aux ménages les plus pauvres, leur emploi et donc leur pouvoir d'achat ont été préservés grâce à l'action du gardien de l'euro. Mais il ne faut pas oublier l’essentiel : si l’économie va mieux, si l'emploi repart, c’est parce que la plupart des pays européens sont sortis du confinement. Avec la vaccination de 3 adultes sur 4 dans l’Union européenne, la menace du Covid semble enfin s’atténuer.
Des conditions réunies pour réduire l'ampleur de ce programme, mais une tendance contraire
Et cela malgré la pression exercée par les faucons. Les opposants à cette politique monétaire ultra-accommodante plaident publiquement en faveur d’un resserrement. C'est le cas des représentants allemands et autrichiens. Le chef de la Banque centrale autrichienne, Robert Holzmann, affirme que le retour de l’inflation oblige la BCE à revoir son calendrier. Car le gardien de l’euro a le devoir de maintenir la hausse des prix dans la zone des 2 %, or elle est aujourd’hui à 3 %. Reste à savoir si l’inflation actuelle constitue vraiment un danger, comme le pense Robert Holzmann. À la BCE comme à la Fed, on tend à croire que le phénomène est transitoire et qu’il n’y a pas de raisons de se précipiter pour l’endiguer.
Une décision finale qui dépendra des perspectives de croissance et d'inflation
Effectivement ces perspectives, qui seront publiées en début d’après-midi, donneront la tonalité. Si la BCE table sur une inflation encore plus forte dans les prochains mois, sa présidente Christine Lagarde pourrait laisser entrevoir un désengagement progressif, mais c’est une manœuvre très délicate. Les marchés qui profitent à fond des taux bas pourraient paniquer, un scénario que veut à tout prix éviter la BCE. Au moment où la situation s’améliore, personne ne prendra le risque de déclencher une crise à la bourse. Et enfin, même si la situation sanitaire s'améliore, le Covid n'a pas disparu et pourrait ressurgir en Europe. La BCE restera sans doute ultra-prudente dans sa gestion de la sortie de crise.
EN BREF
Joe Biden dénonce la concentration du marché de la viande et accuse les principaux producteurs d'alimenter l'inflation.
Une inflation supérieure à 4 % qui commence à grignoter le pouvoir d'achat des ménages. L'augmentation du prix du bœuf, du porc et de la volaille représentent la moitié des hausses infligées au consommateur, selon les calculs de l'administration présidentielle. La justice va enquêter sur des ententes potentielles entre les 4 groupes qui trustent le marché américain de la viande.
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