En France, comme dans tous les pays européens, le marché immobilier est en surchauffe, de plus en plus de ménages ont du mal à accéder à la propriété.

En France les prix sont tellement élevés qu'ils découragent les ventes. Elles ont piqué du nez au troisième trimestre d'après les chiffres fournis par le réseau Century 21. Si on compare au marché d’avant la pandémie et le confinement à l’année 2019, les ventes ont reculé de 20 %. Et de 5 % tout de même comparé à 2020, année où le marché a souffert du confinement. Pour le moment, le soufflé ne retombe pas, la surchauffe est sensible dans toute l’Europe. Depuis 2010, les prix de l’immobilier ont bondi de 30 % dans la zone euro, quasiment tous les pays sont concernés, sauf Chypre ou l’Espagne. Leur marché immobilier s'est s’effondré au moment de la crise financière de 2009 et il a fallu plusieurs années pour récupérer.
Les prix de la pierre ont continué à grimper avec le Covid
L’an dernier, la hausse a été supérieure à l’inflation dans tous les pays membres de l’Union européenne. Le maintien de conditions d’emprunt très favorables, c’est-à-dire des taux d’intérêt au plancher attise la frénésie. Le confinement a par ailleurs paralysé les chantiers et a donc réduit l’offre de logement. Et puis le télétravail a été un puissant vecteur de la hausse. Les ménages aisés ont investi dans des maisons à la campagne pour travailler à distance, sans forcément renoncer à leur résidence principale. Et la baisse de l’immobilier de bureau engendré par le télétravail a encouragé les investisseurs à se reporter sur le résidentiel.
Un fort mécontentement en Espagne et en Allemagne
Dès le mois de mars, les Espagnols sont descendus dans la rue pour exiger un encadrement des loyers entraînés dans cette spirale haussière. En Allemagne, le pays le plus riche d’Europe, où les prix sont longtemps restés stables, ils ont augmenté de quasiment 10 % en un an et c’est à Berlin que la colère a explosé. Cela fait des mois que les Berlinois manifestent pour protester contre l'explosion des loyers. Ils ont bondi de 43 % au cours des cinq dernières années. Un référendum consultatif a été organisé en faveur d’une solution radicale : l’expropriation des grandes sociétés immobilières qui détiennent la majorité des appartements. Une large majorité, 56 % de Berlinois, y est favorable. On verra si la nouvelle maire de la ville osera prendre une mesure aussi controversée.
Les investisseurs sont-ils responsables de la crise ?
À Paris, les chiffres fournis par le réseau Century 21 sont éloquents : seulement 3 % des achats sont effectués par des ouvriers ou des employés, ils étaient 14 % en 2009 ; idem pour les commerçants. En revanche, 20 % des ventes sont réalisées par les plus de soixante ans, ceux qui ont aujourd’hui les poches bien garnies. Et 34 % par les investisseurs. Dans un secteur où prime la loi du marché, ils sont donc bien des accélérateurs de la hausse, avec des moyens bien supérieurs à ceux des ménages, même s'ils ne sont pas directement responsables du déficit global de logement. Face à la pénurie, ce sont les plus modestes qui trinquent. L’accès à la propriété est devenu hyper inégalitaire, en particulier dans les grandes villes. Le FMI s’en inquiète. Pour y remédier, il faudrait construire davantage mais aussi mieux réguler le marché. Avec l'inflation qui menace, la surchauffe de l'immobilier commence à être un sujet pris très au sérieux par les banques centrales et par les gouvernements.
► En bref
La société israélienne NSO, qui commercialiste le logiciel espion Pegasus, demande plus de régulation.
Dans un courrier adressé aux Nations unies, la société mise en cause cet été pour les usages abusifs de son logiciel riposte donc en demandant un contrôle au niveau international. Elle estime qu'elle n’a pas les moyens et les droits pour vérifier l'usage qui est fait de Pegasus. Le logiciel a servi à espionner des milliers de journalistes et de personnalités politiques, a révélé une enquête journalistique.
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