Pourquoi les prix des denrées alimentaires s'envolent?
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Partout dans le monde, se nourrir coûte de plus en plus cher. Comment expliquer une telle inflation des produits alimentaires et faut-il s’en inquiéter ?

Pour les plus pauvres, la situation est déjà alarmante. Au Brésil, où près d’un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté, les familles les plus modestes rognent déjà sur les dépenses de viande. Le bœuf a augmenté de 30% en un an, trois fois plus que l’inflation. Les deux tiers des ménages ont réduit leur portion carnée, un tiers rationne même leur portion de riz et de haricots, d’après un récent sondage. Au Royaume-Uni, l’inflation alimentaire pourrait dépasser les 10% dans les prochaines semaines, prédisent les industriels, effarés par l'envolée actuelle des prix. En Chine, c'est la hausse d'un ingrédient de base de toutes les cuisines du pays qui envoie le signal de l'inflation : le principal fabricant de la sauce soja vient d’annoncer une augmentation de 7%. L’indice de la FAO du mois de septembre est affolant : les prix alimentaires ont augmenté de 30% par rapport à l’année dernière, ils n’ont jamais été aussi hauts depuis la crise alimentaire de 2011.
Comment expliquer cette envolée ?
Les causes sont multiples et elles s’additionnent. Il y a dans chaque pays des facteurs spécifiques ; au Brésil, on attribue la hausse à la mauvaise gouvernance de Bolsonaro, on parle de « Bolsocaro », « caro » pour « cher » ; aux États-Unis, la consolidation de l’industrie de la viande, où une poignée de sociétés contrôle le marché et propulse les prix, et au Royaume-Uni, le Brexit est en grande partie responsable du chaos dans les échanges commerciaux qui font flamber le panier des ménages. Et il y a des facteurs universels. La facture de la sortie du Covid, par exemple, qui se répercute en cascade sur l'agro-alimentaire : l'énergie et le fret ont fortement augmenté, les intrants et la main-d'œuvre manquent aux champs.
L'agriculture plus que jamais à la merci de la météo
La météo, qui a toujours le dernier mot. La sécheresse, les inondations ou le gel, selon les latitudes, ces phénomènes ont fortement endommagé la production d’huiles végétales, de sucre, de céréales cette année et leurs cours mondiaux ont donc fortement augmenté. Dernier puissant facteur de hausse : les achats massifs de la Chine, qui importe encore plus qu'à l'accoutumée, notamment beaucoup de soja et de maïs pour reconstituer ses élevages de cochons décimés par la peste porcine. Pour des raisons climatiques ou économiques, les pays du Sud dépendent fortement des importations pour se nourrir, ils sont donc très affectés par la hausse des marchés. Les produits alimentaires représentent 10% du total des échanges commerciaux.
Cette inflation alimentaire va-t-elle disparaître avec la fin de la pandémie ?
Les négociants en matières premières agricoles sont optimistes. D’après eux, les goulets d’étranglement qui pénalisent toute l'économie seront résorbés d’ici au mieux un an, la tension devrait donc retomber. En revanche, les experts du développement sont plus réservés. Ils soulignent que cette inflation alimentaire s’inscrit dans une tendance lourde, sensible depuis le début des années 2000. Entre autres, parce que les avaries climatiques sont de plus en plus fréquentes et imprévisibles. Mais aussi parce que la demande est de plus en plus forte avec l’augmentation de la population et la hausse du niveau de vie dans les pays émergents. Cette inflation alimentaire ne va pas sans heurts. Elle a provoqué des émeutes de la faim en 2011, des mouvements de colère qui ont été l'un des carburants des printemps arabes.
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