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COP 26: la Cnuced appelle à un financement plus important de l’adaptation au changement climatique

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La COP 26, la conférence de l’Onu sur le climat s’ouvre dimanche à Glasgow en Ecosse. Avant ce rendez-vous, la Cnuced, l’Agence des Nations unies sur le commerce et le développement dévoile ses recommandations. Dans son rapport publié ce 28 octobre, elle appelle notamment à augmenter les financements de l’adaptation au changement climatique. Elle rappelle aussi que les pays en développement sont plus vulnérables au réchauffement de la planète.

Mme Rebeca Grynspan du Costa Rica dirige la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Mme Rebeca Grynspan du Costa Rica dirige la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). © unctad.org
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Les catastrophes climatiques engendrent des pertes relatives trois fois plus importantes dans les pays en développement que dans les pays à haut revenu. Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Surtout si les objectifs de l’accord de Paris ne sont pas respectés.Dans le plus pessimiste des scénarios, avec un réchauffement de plus de 3 degrés, les écarts se creusent. Les pertes de PIB en Europe seraient d'un peu plus de 10 %, quand dans la zone Afrique-Moyen-Orient, elles dépasseraient les 25 % et s’approcheraient des 40 % dans l’Asean, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.

Et l’inaction coûte déjà cher. « Les coûts d’adaptation ont doublé au cours de la dernière décennie. » Ils vont encore augmenter avec la hausse des températures. Il faudra « 300 milliards de dollars en 2030 et 500 milliards en 2050 ».

Mettre l’allègement de la dette à l’agenda climatique

L’une des préconisations pour s'adapter, c’est la diversification des ressources. Car pour la Cnuced, il s'agit moins de gérer les risques que de planifier le développement.

Parmi les pistes suggérées : la mise en œuvre d'activités liées à la production d’énergies renouvelables et à l’économie circulaire. Ces dispositifs pourraient, selon le rapport, fonctionner à petite échelle et dans les zones rurales. Objectif : réduire la dépendance de nombreux pays à la production de certaines matières premières. L’assiette fiscale serait alors élargie ; des fonds qui pourraient être investis dans le développement.

Mais la Cnuced prévient. Il faudra, pour cela, que les Etats accompagnent cette transformation de leur économie, qu’ils régulent et coordonnent les investissements verts privés.

Pour y parvenir, l’agence de l’ONU appelle à un abandon des politiques d’austérité. L’une des principales réformes recommandées par la Cnuced, c’est d’ailleurs l’allègement et la restructuration de la dette des pays en développement. Elle suggère même de l'inscrire en bonne place dans l'agenda climatique.

Remplir les objectifs d’aide publique au développement

Et la Cnuced rappelle à l’ordre les pays riches. Elle appelle au respect voire au dépassement des engagements en termes d’Aide publique au développement (APD). L’agence a calculé que si le G7 avait donné 0,7% de ses revenus nationaux bruts l’an dernier, remplissant ainsi un objectif international fixé dans les années 1970, une enveloppe de 155 milliards de dollars supplémentaires aurait été disponible.

Et, des capitaux supplémentaires, il en faudrait aussi, explique le rapport aux banques multilatérales de développement pour financer l’adaptation au changement climatique via des subventions ou des « prêts extrêmement concessionnels ». Plusieurs pistes pour alimenter ces fonds : des obligations vertes, la mise en place d’une taxe Tobin ou par la réaffectation des subventions des combustibles fossiles.

Commerce des biens environnementaux

Au contraire, la Cnuced est sceptique voire défavorable à certaines solutions actuellement sur la table. La libéralisation du commerce des biens et services environnementaux est fortement critiquée. Selon les rapporteurs, cela profiterait principalement aux entreprises exportatrices des pays développés. Au contraire, si cette approche est poursuivie, les pays en développement et les moins avancés pourraient perdre 15 milliards de dollars par an de recettes douanières.

La Cnuced plaide plutôt pour un assouplissement des brevets

L’idée d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, une taxe carbone aux frontières en quelque sorte, ne suscite pas non plus l'enthousiasme. Ce dispositif est pensé par la Commission européenne comme un outil pour éviter que la règlementation climatique ne grève la compétitivité des produits européens. Mais la Cnuced estime que cela entraverait la capacité d’exportation des pays en développement et par ricochet, leur capacité à mener à bien des transformations structurelles. A moins que les recettes n'aillent dans le pot de l'aide au développement. Ce projet européen est, à ce stade, plutôt censé financer le programme NextGenerationEU, le plan de relance post-Covid.

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