Aujourd'hui l'économie

Pas de «guerre froide» entre les États-Unis et la Chine, mais une «rivalité»?

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Un sommet virtuel est prévu ce lundi (dans la soirée, heure de Washington – tôt mardi à Pékin –) entre les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping. Ce sommet a lieu alors que les contentieux s'accumulent entre Washington et Pékin, qui s'affichent chacun fermes sur leurs positions, notamment concernant les échanges commerciaux. Le président américain a rejeté le terme de « guerre froide » entre les deux pays, il a néanmoins fait de la rivalité avec Pékin l'axe majeur de sa politique étrangère et économique.

Le président américain Joe Biden (à gauche) et le président chinois Xi Jinping (à droite) se rencontreront lors d'un sommet virtuel le 15 novembre.
Le président américain Joe Biden (à gauche) et le président chinois Xi Jinping (à droite) se rencontreront lors d'un sommet virtuel le 15 novembre. © MANDEL NGAN, Anthony WALLACE / AFP
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L’administration Biden a maintenu tous les droits de douanes imposées sous l’ère Trump, et cela sur 350 milliards de dollars de produits chinois. Pour exemple, la Commission fédérale des communications des États-Unis a donné 60 jours à China Telecom, taxé d'espionnage, pour arrêter ses services sur le sol américain, où la compagnie chinoise est présente depuis une vingtaine d'années. Washington s'en était déjà pris à d'autres géants des télécoms, Huawei et ZTE, qui ne peuvent plus recevoir de licences d'équipements de réseau aux États-Unis.

Du côté de la Chine, les sanctions pleuvent également avec la fermeture de la version chinoise du jeu en ligne Fortnite depuis ce lundi, tout comme LinkedIn, le réseau social professionnel de Microsoft, et Yahoo qui ont aussi quitté le marché chinois. Les États-Unis ont également annoncé qu'ils regardaient à la loupe l'accord commercial signé avec la Chine par l'administration Trump, et prévoit notamment de faire un état des lieux des promesses tenues par Pékin.

Mais Washington insiste aussi sur la nécessité, quand c'est possible, de coopérer avec le grand rival chinois. Lors de la COP26 à Glasgow, les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre ont promis de lutter davantage contre le réchauffement climatique avec une déclaration conjointe surprise. Mais si l'administration Biden a identifié les questions liées à l'environnement comme un possible terrain d'entente entre Pékin et Washington, les tensions restent nombreuses.

La zone indo-pacifique : un enjeu économique énorme

Selon la Maison Blanche, il ne faudra pas attendre grand-chose de cette rencontre virtuelle. Car si Washington tient tant à établir une « relation de président à président », et laisser les canaux de communication ouverts, la Maison Blanche ne cherche pas « des résultats ou des décisions concrètes » selon la porte-parole.

L'administration Biden s'est fixé 3 mots d'ordre : la coopération, la compétition et la confrontation. Du côté du ministère chinois des Affaires étrangères, on estime que les deux parties devraient se rencontrer « chacune à mi-chemin ».

En toile de fond, et au-delà de la guerre commerciale entre la Chine et les États Unis, il y a un enjeu économique énorme : la zone indo-pacifique qui représente à elle seule 60 % du PIB mondial et qui est devenue le moteur de la croissance mondiale. Washington souhaite voir revenir dans son giron les 21 pays qui la constituent. Lors du sommet de l'APEC, le Forum de Coopération économique Asie-Pacifique, la semaine dernière, Joe Biden en a profité pour évoquer les « moyens de libérer la puissance économique de la région » et a réaffirmé sa volonté  « d'être un partenaire solide et fiable » de ces pays.

De son côté, Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, riche en ressources naturelles, et par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars d'échanges maritimes, refusant les revendications de Brunei, de la Malaisie, des Philippines, du Vietnam et de Taïwan.

Taïwan : catalyseur des tensions sino-américaines

Les tensions sont montées d'un cran ces dernières semaines au sujet de Taïwan, que Pékin considère comme une province rebelle. La Chine tente d'isoler l'île et a intensifié son activité militaire près de Taïwan. En réponse, Washington a réitéré son engagement d'aider Taipei à construire et à renforcer sa défense.

Taïwan est une puissance industrielle avec laquelle les États-Unis commercent davantage qu’avec la France, elle cristallise en effet aujourd'hui toutes les tensions sino-américaines alors que la Chine a sorti récemment l'arme ultime : isoler les entreprises internationales qui travaillent avec Taïwan en leur fermant le marché chinois. La Chine et Taïwan ont également entamé au même moment des négociations pour intégrer le CPTPP, un accord de libre-échange régional porté par le Japon, ce qui ne manque pas d’attiser les tensions.

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