Comment reconquérir les salariés face à la pénurie de main-d’œuvre ?
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La crise sanitaire a provoqué une « grande démission » sur le marché du travail, phénomène qui se vérifie en France comme ailleurs dans le secteur de l'hôtellerie-restauration notamment où les patrons ont du mal à recruter. Alors que s’ouvrent en France, ce jeudi 18 novembre, les négociations salariales de la branche hôtellerie-restauration, les conditions de travail des salariés sont plus que jamais à l’ordre du jour.
La branche hôtellerie-restauration en France a perdu plus de 230 000 employés entre février 2020 et février 2021 au plus fort de la crise sanitaire. Les horaires à rallonge, les trop faibles rémunérations et les conditions de travail souvent pénibles ont fait fuir les salariés, et les professionnels vont devoir trouver une façon de reconquérir la main-d'œuvre. Drôle de renversement de situation qui ne touche pas que ce secteur : le bâtiment, lui aussi, est touché, les transports ainsi que la vente ou encore la petite enfance. Il s'agit souvent de secteurs peu qualifiés, et de métiers où l'on travaille les week-ends et où l'on termine tard le soir.
Avec la mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie, pendant les confinements, les salariés ont eu le temps de se remettre en question et souhaitent à présent donner davantage de sens à leur travail. Les cartes du marché de l'emploi sont en quelque sorte rebattues.
Un phénomène aujourd'hui mondial
Les États-Unis, la Chine, l'Allemagne souffrent également de cette pénurie de main-d'œuvre. Ces quelques chiffres cités par le Washington Post en témoignent : 4,3 millions d'Américains ont quitté leur poste au mois d'août dernier et un nombre record de 10,3 millions d'emplois non pourvus a été atteint en septembre dans le pays. Au sein de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le nombre de personnes ne travaillant pas et ne cherchant pas de travail a, lui aussi, bondi de 14 millions depuis le début de la pandémie.
En Chine, une nouvelle génération est en train d'émerger. Elle ne veut plus s’investir dans un certain type de travail et est rebutée par les salaires bas. Ces jeunes Chinois sont de plus en plus nombreux à se tourner vers de nouveaux métiers liés à l'e-commerce comme livreur ou chauffeur de VTC.
Par conséquent, la plupart des propriétaires d'usines en Chine souffrent d'une pénurie de main-d'œuvre alors que leurs carnets de commandes sont pleins. Le Premier ministre chinois a confirmé que le pays continuerait à faire face à une pression relativement importante sur le marché du travail jusqu'en 2025.
Autre phénomène, au Vietnam par exemple, où le retour à la campagne des citadins durant la crise sanitaire a privé les grandes villes d'un certain nombre de travailleurs.
Quelles solutions apporter à ces pénuries de main-d'œuvre dans de nombreux pays ?
La hausse des salaires, c'est une solution, mais elle ne règlera pas le problème de fond. Il y avait déjà des difficultés de recrutement avant la crise sanitaire, et il faut repenser aussi la formation des salariés. Beaucoup des compétences demandées ne correspondent plus au profil des demandeurs d'emploi. Selon Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), cité dans le journal Capital, « les entreprises doivent se rendre plus attractives. Et les pouvoirs publics doivent former les chômeurs de longue durée aux métiers de demain et mener une politique du logement qui encourage la mobilité. »
L'attractivité de certains emplois passe aussi par des contrats plus longs, et la question de la précarité est également un frein. Selon Éric Heyer, « il ne faut pas s'attendre à une solution rapide : ces mesures peuvent prendre plusieurs années avant de porter leurs fruits ».
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