Pourquoi le manga japonais séduit la planète entière
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Gros plan sur l’industrie japonaise du manga. À l’occasion de la sortie en France du tome 100 de la série One Piece. Dans le monde de l’édition française, cet événement est aussi important que la sortie d'un prix Gongourt.
Parce que l’album bénéficie du même tirage qu’un roman récompensé par le prestigieux prix littéraire, soit 250 000 pour la première édition. Les Français sont des fans de mangas. L’hexagone est le deuxième marché au monde. Après celui du Japon, où le genre a vu le jour au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. En France le nombre d’albums vendus dépasse maintenant celui des bandes dessinées classiques. C’est le support de lecture le plus populaire chez les jeunes, attirés par son format, son prix, 7 euros alors que c'est le double pour une bd ou un roman, le style graphique très percutant, et la scénarisation selon Cédric Biscay, l’un des passeurs de culture nippone en France. Mais, précise-t-il, c’est sans commune mesure avec l’audience du manga au Japon où les albums se vendent à des millions d’exemplaires.
Malgré le Covid, les ventes ont explosé l'an dernier au Japon
Avec les problèmes d’approvisionnement, notamment en papier, les éditeurs redoutaient le pire. Les ventes se sont pourtant envolées, à la faveur des multiples confinements : +20% en un an. Editions papier et digitale confondues. En 2020 le marché japonais a dépassé la barre des 600 milliards de yens, un record, soit 4,8 milliards d’euros. Ce pactole enrichit les créateurs, Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece est richissime, et surtout, les trois principaux éditeurs nippons spécialisés dans le manga. Ils sont organisés au cordeau pour que leurs auteurs deviennent des machines à cash. Ils ont capté le public en publiant les albums en feuilleton dans des magazines hebdomadaires. « Rendant la consommation du manga addictive, explique Sahé Cibot, une autre passeuse de pop culture entre Paris et Tokyo ; l’un des plus importants, Shueisha, celui qui publie One Piece au Japon, a pris l’habitude d'ajouter des questionnaires dans les magazines où les lecteurs donnent leur avis ». Un manga est donc un produit culturel qui doit être rentable. Un auteur est piloté par un manager qui lui adjoint au besoin des assistants pour sortir les nouveaux épisodes à un rythme soutenu. Le marché japonais est à la fois foisonnant et concentré sur les blocksbusters, une dizaine d’albums qui assurent l’essentiel des ventes.
Comment expliquer l’engouement des Français pour le manga ?
Ségolène Royal en serait la marraine involontaire selon Sahé Cibot. A la fin des années 80, la socialiste qui est alors députée, dénonce la violence des dessins animés japonais diffusés par la télévision française. Leur disparition progressive des écrans français qui suivra ces invectives a frustré les téléspectateurs, explique Sahé Cibot : ils se ruent alors sur les mangas qui commencent à être disponibles en France, grâce notamment à Glénat, qui publie Dragon Ball. Les amateurs retrouvent des histoires, des codes graphiques qu’ils ont adoré en version animée.
Le manga a-t-il un avenir hors du Japon et du marché français ?
La tendance est à l’essor mondial de cette industrie et à son métissage. Le manga se nourrit du succès des reprises en dessin animé des albums papier. Il y a donc un nouveau public qui arrive au manga via la télévision, les plateformes comme Netflix ou le digital. Deuxième tendance : l’irruption des mangakas étrangers parvenant à séduire le public japonais. C’est le cas du Toulousain Tony Valente : sa série Radiant a été adaptée en dessin animé au Japon. Cédric Biscay est un autre prophète français du manga tricolore : sa série Blitz sur le milieu du jeu d’échecs a plusieurs centaines de milliers de lecteurs nippons ; il écrit le scénario, mais en puriste de cet art populaire, il continue à confier le dessin à des auteurs japonais.
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