Aujourd'hui l'économie

Pourquoi la prime aux véhicules électriques made in USA déclenche la colère des constructeurs étrangers

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En proposant de fortes subventions à l’achat des voitures électriques « made in USA » Joe Biden s’est mis à dos la plupart des constructeurs étrangers ainsi que leurs gouvernements. Il y a un nouveau parfum de guerre commerciale entre les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux.

Un homme regarde une voiture Tesla ( constructeur automobile américain de voitures électriques sportives et de luxe) dans un magasin de Pékin, en Chine.
Un homme regarde une voiture Tesla ( constructeur automobile américain de voitures électriques sportives et de luxe) dans un magasin de Pékin, en Chine. REUTERS/Kim Kyung-Hoon
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La ristourne prévue dans le vaste plan de relance Build back better, qui est actuellement soumis au Sénat, pourrait aller jusqu’à 13 000 dollars, dont 500 dollars si la batterie a été fabriquée aux Etats-Unis et 4500 dollars si la voiture a été montée par des ouvriers syndiqués travaillant bien sûr dans des usines américaines. Un coup de pouce généreux qui va effacer un tiers du prix moyen d'un véhicule électrique sur le marché américain.

Pour le Mexique et son industrie automobile orientée vers l’exportation aux Etats-Unis, ce super bonus est un coup de poignard.

Elle représente un manque à gagner bien plus élevé que les droits de douane dont le Mexique avait pâti sous la précédente administration. Biden, disent des membres du gouvernement, « fait du Trump en pire ». Les Canadiens sont aussi remontés que les voisins du Sud des Etats-Unis. Ils préparent déjà des représailles puisqu’ils estiment que cette subvention est contraire aux règlements de l'union douanière passée entre ces trois pays. Les Européens ne sont pas en reste : sous la pression des constructeurs allemands, Bruxelles a écrit aux sénateurs pour qu’ils rejettent cette disposition.

Joe Biden a-t-il commis une bourde avec ce super bonus patriotique ?

Le chef de la Maison Blanche est réputé gaffeur, mais là c'est un acte réfléchi. Au nom de l'America First cher à son prédécesseur, il agit sans complexe et sans trop d'égards pour ses alliés. Et au nom de l’électorat traditionnel du parti démocrate. Joe Biden depuis le début de son mandat se montre soucieux du sort des cols bleus, des ouvriers.

Cette prime au « verdissement » de l’automobile a été ciselée pour les trois grands acteurs historiques de l’industrie automobile américaine. General Motors, Ford et l'ex-Chrysler -aujourd'hui intégré dans Stellantis, étant les seuls où la syndicalisation est quasiment automatique. En contrepartie ils se sont engagés à sortir une voiture électrique sur 2 dès 2030. C’est pour rattraper la Chine, qui a une longueur d’avance en matière de voiture électrique, que les Etats-Unis sortent aujourd’hui le grand jeu. Il n’y a actuellement qu’une dizaine de gigafactories de batteries aux Etats-Unis contre 16 en Europe et 136 en Chine. L'administration américaine renforce le soutien à toute la filière avec des mesures également pour développer le réseau des recharges des batteries.

Les marques étrangères présentes sur le sol américain trouvent cette concurrence déloyale

Le Japonais Toyota est furieux, car il fait partie des sociétés où le personnel américain n'est pas syndiqué. Il s’estime trahi, et il le fait savoir, mais pas question pour autant de bouder ce marché où il faudra renouveler tout le parc en véhicule électrique dans les prochaines décennies.

Le constructeur nippon a annoncé il y a quelques jours un investissement à un milliard 300 millions de dollars dans une usine à batterie en Caroline du Nord. Les constructeurs allemands avec 60 000 salariés sur le sol américain, là encore pas syndiqués, expriment eux aussi leur courroux. Avec le soutien du champion mondial de la voiture électrique Elon Musk, lui aussi farouchement opposé à cette mesure. Tous vont souffrir de ces mesures protectionnistes, mais ils vont tous mettre les bouchées doubles pour construire davantage de voitures électriques sur le sol américain à bon prix, et c'est précisément le but recherché par Joe Biden.

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