Encore une année pleine de turbulences pour le secteur du transport aérien. La pandémie de Covid-19 n'a cessé de brider la reprise des voyages en 2021. Et le dernier coup de boutoir est survenu en fin d'année avec le variant Omicron, qui a incité les États à maintenir les restrictions. Conséquence : le trafic aérien n'a toujours pas retrouvé ses niveaux d'avant la crise sanitaire et la volatilité devrait continuer de peser sur le secteur en début d'année 2022.
Dès son apparition à la fin du mois de novembre 2021, le variant Omicron a presque instantanément entraîné la fermeture des frontières et la mise en place de restrictions sanitaires par les gouvernements.
Dans les trois semaines suivantes, le trafic des passagers dans les aéroports européens a chuté de 20%. Si une légère hausse des réservations a été ressentie pour les derniers jours de l'année 2021, on est très loin de la reprise espérée pour cette saison cruciale pour le secteur. Rien à faire, en Europe, cette année, on restera à des niveaux 60% inférieurs à ceux d'avant la pandémie. Pour des marchés clé, à commencer par l'Asie, la reprise a tout du mirage. Le trafic n'a pas retrouvé du tout son niveau d'avant la crise. Ce d'autant moins qu'en Chine, on applique la politique dite du «zéro Covid», l'application de mesures strictes et immédiates pour réduire à néant la circulation des cas.
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L'Association internationale des compagnies aériennes (IATA) s'émeut d'ailleurs des politiques restrictives des gouvernements.
Surtout quand les mesures prises dans l'urgence pour contenir la propagation des cas ne sont pas ciblées et pas coordonnées. C'est en substance la position de l'IATA. Son directeur Willie Walsh a aussi rappelé dernièrement que l'Organisation mondiale de la santé elle-même ne préconisait pas les restrictions de voyage pour limiter l'expansion des variants. L'industrie, après avoir repris espoir cet été, se préparant à une reprise, vise désormais l'été prochain pour une éventuelle embellie. Vu l'ampleur de la contamination par le variant Omicron, ce climat va continuer à s'imposer en 2022. De quoi voir l'avenir en gris pour l'industrie. Au total, d'après les derniers chiffres fournis par l'IATA, les pertes en 2021 devraient atteindre les 190 milliards de dollars pour le secteur. Même les compagnies aériennes low-cost qu'on présentait comme les gagnantes potentielles de la crise prévoient des pertes annuelles plus grandes, à l'image de Ryanair. Les pertes pourraient être nettement moindre en 2022 mais la carte du trafic reste rouge pour l'association des transporteurs.
Si les pertes s'accumulent pour les compagnies aériennes, il n'y a pas eu non plus de vagues de faillites cette année
Les transporteurs ont pu compter sur le soutien de leurs États respectifs. Air-France-KLM par exemple a bénéficié de 4 milliards d'euros de prêts garantis par l'État français que la compagnie a commencé à rembourser. Lufthansa elle a déjà totalement remboursé la somme que lui a prêté l'État allemand. Du côté de l'Italie, on a certes enterré cette année Alitalia, après 74 ans d'activité, mais pour la remplacer par ITA à coup de prise de contrôle étatique.
Et si le secteur s'en est sorti globalement, c'est aussi que les transports ne se sont pas arrêtés malgré les restrictions de voyage. Le fret, le transport de marchandises, a été la bouée de sauvetage de l'aérien. Le chiffre d'affaires du fret par avion s'est élevé à 175 milliards de dollars cette année. Et à l'heure où les achats en ligne sont devenus une tendance de fond, le fret aérien a de beaux jours devant lui. On estime que la flotte d'avion-cargo devrait augmenter de 60% d'ici à 2039.
Et pour les produire, il faut des constructeurs. Dans la lutte entre les deux titans Boeing et Airbus, c'est définitivement le géant européen qui s'impose.
Le dernier round a eu lieu mi-décembre. Airbus a ravi des clients de longue date de Boeing : l'australien Qantas et Air France-KLM qui ont annoncé passé commande à elles-deux de 300 avions Airbus, des monocouloirs, un segment de marché stratégique. Plus tôt, c'était Singapore Airlines qui annonçait vouloir remplacer ses Boeing par des Airbus. Le constructeur américain peine encore à retrouver pleinement la confiance de ses clients, notamment ceux de la famille 737, affectée notamment par les problèmes de sécurité.
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