Aujourd'hui l'économie

La Chine paie-t-elle sa stratégie «zéro Covid»?

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La Chine est le dernier pays au monde, désormais, à rechercher l'éradication totale des cas de Covid-19. Et cela ne se fait pas sans coûts pour l'économie. Le FMI, dans ses prévisions annuelles hier, mardi 25 janvier, a revu à la baisse la croissance chinoise. La numéro deux de l'institution, Rita Gopinath, a même pointé le risque que pose cette politique à l'heure où le variant Omicron sévit.

Jusqu’à présent, de nombreuses villes chinoises ont signalé des infections liées au variant Omicron, notamment Shanghai, la ville occidentale de Xi’an, des villes comme Zhuhai et Zhongshan, et la ville de Tianjin (image d'illustration).
Jusqu’à présent, de nombreuses villes chinoises ont signalé des infections liées au variant Omicron, notamment Shanghai, la ville occidentale de Xi’an, des villes comme Zhuhai et Zhongshan, et la ville de Tianjin (image d'illustration). © ZHAO ZISHUO, ASSOCIATED PRESS
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Alors que la majeure partie de la planète vit désormais avec le virus et son dernier variant en date, le très contagieux Omicron, la stratégie chinoise est de plus en plus remise en question.

L'économie chinoise risque d'en pâtir en 2022, dit le FMI dans ses prévisions. Et quand la Chine tousse, c'est le monde qui s'enrhume, puisque le pays est toujours le premier contributeur du PIB mondial. Cette année, la croissance chinoise s'établira à 4,8% au lieu des 5,6% attendus jusqu'ici.

En cause, les nombreuses restrictions toujours en place en Chine

La stratégie en trois temps : tester-tracer-isoler les personnes infectées ou en contact avec des personnes infectées est appliquée sans faille. Rapidement et massivement. On a beaucoup parlé des cas récents de confinement de grandes métropoles économiques chinoises pour quelques cas déclarés de Covid-19. À l'image de Xi'an : 13 millions d'habitants confinés pour 150 cas. 

Les restrictions ont aggravé le problème de la chaîne d'approvisionnement globale, ce qui entraîne des pénuries partout dans le monde. Les partenaires commerciaux de la Chine, eux, perdent patience. Malgré les promesses faites par Pékin ces dernières semaines, les mesures pour faciliter les visas d'affaires n'ont pas été prises.

Et les quarantaines de deux semaines imposées à tout visiteur de l'étranger continuent de s'appliquer avec zèle. C'est autant de chances en moins de signer des contrats, ou même de maintenir les liens informels si importants quand on veut se maintenir en Chine.

Et ce n'est pas tout, la consommation intérieure est en berne

Cette époque de l'année – le Nouvel An lunaire – est normalement propice. Avec les restrictions en place, les ventes au détail progressent moins vite que les années précédentes, comme l'ont montré les chiffres de décembre.

Le maintien de ces mesures draconiennes faites de confinements répétés va peser encore en 2022 sur la consommation intérieure, censée être un des principaux moteurs de l'économie chinoise. Selon le FMI, la reprise de la consommation privée sera plus faible que prévu cette année. En plus de la stratégie « zéro Covid », la crise du secteur immobilier en pleine restructuration est également en cause.

Pékin peut-il revenir sur cette stratégie du « zéro Covid » ?

Ce qu'il faut rappeler, c'est que la stratégie du « zéro Covid » en Chine a eu des effets positifs. La numéro deux du FMI l'a rappelé hier. Elle a très bien fonctionné non seulement pour réduire le nombre de cas et de morts : moins de 6 000 décès depuis 2020, selon les chiffres officiels. C'est beaucoup moins qu'en Europe et aux États-Unis.

En 2020, la Chine a été le seul pays du G20 à réaliser une croissance positive. Et depuis, l'économie s'est maintenue grâce aux exportations record en particulier. C'est un bilan que les autorités chinoises portent en étendard, notamment face aux puissances occidentales. 

Et cela rend compliqué le débat sur le réajustement de cette méthode

L'Australie, la Nouvelle-Zélande et même le voisin vietnamien sont sortis de leur politique « zéro Covid » pour préserver leur économie. Pékin la maintient. En Chine, les quelques voix qui appellent à un retour à la normale se font très difficilement entendre.

On voit une ouverture comme un risque sanitaire important, puisque l'immunité de la population est faible et les capacités hospitalières insuffisantes. Même si Omicron est trop contagieux pour être contenu, Pékin se sent tenu de maintenir cette ligne envers et contre tous.

D'autant plus que cette année, deux événements cruciaux ont lieu : les JO d'hiver (bien que la vitrine soit ternie par le boycott de plusieurs nations) et, surtout, le congrès national du Parti communiste en fin d'année, censé asseoir l'autorité de Xi Jinping. Le pari osé du pouvoir chinois, c'est qu'en 2022 comme en 2020, il saura éradiquer le virus et sauvegarder son économie.

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