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France: Emmanuel Macron à Belfort pour annoncer un plan de relance du nucléaire

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Emmanuel Macron est attendu cet après-midi à Belfort dans l’est de la France. À deux mois de la présidentielle, le déplacement se veut symbolique : le chef de l'Etat,  et quasi-candidat, se rendra sur le site de fabrication des turbines Arabelle équipant les centrales nucléaires françaises. Vendu par Alstom à l'américain General Electric en 2015 lorsqu'Emmanuel Macron était ministre de l'Economie, le site pourrait repasser sous le giron français. EDF négocie son rachat. Ce déplacement sera consacré à la stratégie énergétique de la France.  Emmanuel Macron doit en particulier y présenter son plan de relance du nucléaire.

La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. (Image d'illustration)
La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. (Image d'illustration) AFP/François Nascimbeni
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Emmanuel Macron avait déjà annoncé en novembre vouloir lancer de nouvelles constructions de réacteurs mais sans donner beaucoup de précisions.

Et depuis le secteur s’impatientait. L’Autorité de sûreté nucléaire a encouragé récemment à prendre des décisions sans tarder sur les choix énergétiques du pays. « Il ne faudrait pas que, faute d'anticipation suffisante, la poursuite de fonctionnement des réacteurs nucléaires résulte d'une décision subie au regard des besoins électriques, ou hasardeuse en matière de sûreté », avait indiqué, le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk.

Début janvier, le PDG d’EDF estimait urgent que le gouvernement passe d’une déclaration de principe à une phase d’action concrète. Car un projet nucléaire, ça prend du temps.

La décision de construire une série de réacteurs EPR de deuxième génération devrait donc finalement être annoncée ce jeudi, selon une source proche de l'exécutif. Combien ? C'est toute la question. EDF a proposé la construction de 6 EPR2, pour une cinquantaine de milliards d’euros. Emmanuel Macron pourrait aller au-delà avec une option pour 8 réacteurs supplémentaires soit 14 au total. 14, c'est le chiffrage qui figure dans les scénarios les plus favorables au nucléaire du rapport « Futurs énergétiques 2050 » de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, rendu en octobreL'un des scénarios évoque en plus la possibilité de rajouter des SMR, des petits réacteurs modulaires.

Cette relance va demander des efforts.

À commencer par le recrutement. LAutorité de sûreté nucléaire chiffre à 4000 par an le nombre de recrutement d’ingénieurs nécessaires pour répondre aux nouveaux projets, aux travaux sur le parc actuel et aux opérations de maintenance. L’ASN estime aussi qu’en cas de relance, la filière devrait mettre en place un « véritable plan Marshall ».

Sur le plan financier, il faudra aussi un moyen de soutenir ces projets.

En tous cas, l’Elysée a assuré que l’Etat « contribuerait et jouerait son rôle » dans le financement. D’autant qu’EDF, qui est déjà lourdement endettée, est mise à rude épreuve en ce moment. L’entreprise va devoir vendre à prix cassé 20 térawattheure supplémentaire à ses concurrents pour un coût estimé à 8 milliards d’euros. Et elle fait déjà face à de nombreux investissements entre autres pour la prolongation du parc vieillissant et pour la fin du chantier de l’EPR de Flamanville dont le coût ne cesse de s'alourdir. La note s'élève désormais à 12,7 milliards d'euros alors que le projet devait initialement coûter aux environs de 3,5 milliards.

Flamanville qui n'est qu'une des nombreuses difficultés que traverse EDF au cours des derniers mois

En plus des cinq en cours de révision, EDF doit encore mettre trois réacteurs supplémentaires à l'arrêt sur le parc français pour vérifier la présence d'éventuel problème de corrosion.La prévision de production a donc été revue à la baisse dans un contexte de tensions sur l'approvisionnement électrique cet hiver.

Il y a quelques mois, un incident a conduit à l'arrêt de l'un des réacteurs EPR en Chine.

En Finlande, la phase de production test de l'EPR Olkiluoto-3 a finalement été lancée par l'énergéticien finlandais TVO après 12 ans de retard mais sa mise en service normale vient finalement d'être encore retardée d'un mois par l'opérateur finlandais.

Quant au projet d'une nouvelle centrale au Royaume-Uni, il est lui aussi plombé par les retards du fait de difficultés de financements et de complications politiques.

Malgré tout le groupe mise toujours sur son EPR

L'électricien a bon espoir d'en vendre de nouveaux à l'étranger grâce aux impératifs de décarbonation. Le groupe table sur la vente de six EPR pour la future centrale de Jaitapur en Inde. Il discute aussi avec des pays européens comme la Pologne ou la République Tchèque.

Alors au-delà de son impact direct sur le secteur, estimé à environ 10 000 emplois pour la construction de deux réacteurs selon le Groupement des Industriels français de l'énergie nucléaire, le programme annoncé cet après-midi pourrait donner un coup de pouce en termes d’image. Une autre bonne nouvelle pour la filière une semaine après que la commission européenne a proposé d'inclure l'atome dans sa taxonomie pour une finance durable.

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