Dans sa première réaction aux attaques russes menées en Ukraine, Joe Biden a immédiatement évoqué de nouvelles sanctions économiques sévères qu'il a promis d'annoncer dans la journée.

Faute d'être prêt à riposter sur le plan militaire, l'arme économique est à peu près la seule aux mains des occidentaux ce matin. Les dernières sanctions entrées en vigueur depuis hier. Des mesures relativement douces décidées après le discours de lundi soir de Vladimir Poutine annonçant la reconnaissance des républiques de Donetsk et de Louhansk.
Les actifs de plusieurs personnalités proches du Kremlin sont gelés, les relations avec deux banques de développement finançant entre autres les dépenses militaires interdites. Et par ailleurs, les Européens ont décidé d'empêcher la Russie de financer sa dette sur les marchés occidentaux. Un moindre mal, parce que Moscou s'est préparé à cette éventualité et a d'autres options pour se financer.
Mais si les Occidentaux décident de bannir la dette russe des marchés, les investisseurs étrangers qui détiennent aujourd'hui 64 milliards de dollars de dette russe seront obligés de les céder. Ce qui va bien sûr fortement renchérir leurs coûts.
Washington et Bruxelles pourraient prendre des mesures beaucoup plus drastiques contre les banques
Effectivement, les alliés ont prévu d'imposer des sanctions aux grandes banques commerciales russes, comme la Sberbank et VTB, les principales banques du pays. Si ces établissements ne peuvent plus se refinancer sur les marchés internationaux, leur existence est menacée, et donc le fonctionnement de l'économie russe directement affecté. Mais rappelons que la Russie a accumulé un montant record de réserves de change pour justement parer à ces sanctions en venant en aide aux établissements ciblés.
Les Occidentaux envisagent aussi le retrait de la Russie du système Swift, le réseau de messagerie interbancaire mondial
L’ancien représentant des États-Unis en Ukraine, Kurt Volker, avait qualifié le recours à cette sanction d’option « nucléaire ». Swift est un réseau automatisé créé pour sécuriser et accélérer les transactions financières internationales entre deux cents pays. Si le retrait est décidé, les banques russes ou tout opérateur agissant à l'international pour importer des marchandises par exemple en serait réduit à réaliser lui-même le travail effectué par Swift, cela rallongerait considérablement la durée des transactions.
En 2014, on avait estimé qu'un retrait de la Russie de Swift lui couterait 5% de croissance. Mais cela ne se fera pas sur la seule décision américaine ou européenne. Il faut qu'au moins 13 des 25 administrateurs de la société Swift basée en Belgique approuvent ce retrait.
Les marchés ont déjà partout fortement réagi à l'attaque russe, avec le pétrole en forte hausse.
Le pétrole coté à Londres, le Brent, a franchi la ligne symbolique des 100 dollars le baril, une première depuis 2014. Le brut américain livrable en avril a pris 4,7% depuis l'annonce de Vladimir Poutine. Idem pour le cours du gaz, puisqu'il est corrélé à celui du pétrole.
Tout le monde a évidemment les yeux rivés sur les marchés des hydrocarbures, si les Européens décident de se passer du gaz russe ou si Gazprom ferme le robinet, la situation serait explosive. Mais bien sûr ni les vendeurs ni les consommateurs n'ont intérêt à une telle extrémité. Plus 4% également sur le marché du blé. On peut s'attendre aussi à des poussées très fortes sur le marché des céréales, la Russie et l'Ukraine étant des exportateurs de premier plan.
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