Aujourd'hui l'économie

Comment réagit la Chine face aux sanctions contre son partenaire russe?

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Les États-Unis (et leur allié britannique) ont donc décidé d'un embargo sur le pétrole russe. C'est la dernière salve de sanctions contre Moscou engagée dans la guerre contre l'Ukraine. Des sanctions sur le pétrole que les Européens ne se montrent pas prêts à adopter. Pas plus que la Chine, le partenaire stratégique numéro 1 de la Russie qui a de nouveau critiqué les sanctions lundi dernier. De là à les braver pour sauver l'économie de son voisin...

L'amitié sino-russe...est solide « comme un roc ». C'est l'expression employée encore ce lundi 7 mars 2022, par le ministre chinois des Affaires étrangères. (Sur la photo, les présidents russe et chinois Vladimir Poutine et  Xi Jinping à Brasilia, le 12 novembre 2019). (Image d'illustration)
L'amitié sino-russe...est solide « comme un roc ». C'est l'expression employée encore ce lundi 7 mars 2022, par le ministre chinois des Affaires étrangères. (Sur la photo, les présidents russe et chinois Vladimir Poutine et Xi Jinping à Brasilia, le 12 novembre 2019). (Image d'illustration) © AP - Ramil Sitdikov
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L'amitié sino-russe...est solide « comme un roc ». C'est l'expression employée encore ce lundi par le ministre chinois des Affaires étrangères. Une amitié qui repose sur les intérêts stratégiques commun surtout, mais aussi en partie sur les transactions croissantes entre les deux puissances

Au même moment, en ce début de semaine, les autorités chinoises divulguaient les chiffres des échanges entre les deux pays. Ils sont en hausse pour les deux premiers mois de 2022. Les exportations chinoises ont bondi de 41%, confortant la position de la Chine comme premier partenaire commercial de la Russie depuis 12 ans.

Des échanges qui reposent sur les contrats pétroliers et gaziers entre les deux puissances. Aujourd'hui la Russie fournit 16% de son pétrole à la Chine et cet appétit est si croissant que des méga contrats se sont accumulés pour assurer un approvisionnement sur plus de 20 ans à la Chine.  

Mais précisément aujourd'hui, les opérateurs chinois vont-ils braver les sanctions pour poursuivre ces échanges ?

C’est la question qui se pose depuis des semaines, et encore plus aujourd’hui à mesure que les sanctions s'accumulent. Des indices démontrent que la frilosité gagne les opérateurs chinois.

Plusieurs banques publiques chinoises évitent de s'exposer aux sanctions secondaires américaines qui signifieraient pour elles d’ « être exclues du marché américain ».

Deux grandes institutions d'État, la Bank of china et ICBC, auraient limité leurs transactions avec le voisin russe. En arrêtant d'émettre des lettres de crédits en dollars pour l'achat de gaz et de pétrole russe depuis quelques années, les échanges se font de plus en plus dans d'autres devises que le dollar. Ainsi, 83% des importations chinoises de Russie sont réglées en euros.

Et plus de 17,5% de ces échanges se font en Yuan désormais...

Les experts prédisent que la crise actuelle pourrait faire progresser ce chiffre. En accélérant l'usage de la monnaie chinoise pour régler les factures de pétrole et de gaz russes. L'approvisionnement en hydrocarbures reste une priorité des autorités en Chine qui veulent préserver leur perspective de croissance de 5,5% cette année. Cependant, les outils alternatifs dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines sont encore balbutiants.

La monnaie numérique chinoise ou le système chinois alternatif à Swift n'en sont qu'à leurs débuts. Une seule banque chinoise a rejoint ce réseau alternatif en 2 ans.

Des banques russes, elles, se sont tournées vers le réseau chinois Union pay, pour remplacer Visa et MasterCard qui n'assureront plus les transactions internationales depuis la Russie à partir d'aujourd'hui. Mais le réseau chinois n’a pas donné suite officiellement à la requête des banques russes

En bref, les Russes ne peuvent pas compter sur les Chinois pour contourner les sanctions

Ce que vient rappeler cette crise, c'est que les Chinois ont moins besoin de la Russie que l'inverse. Actuellement, Pékin ne peut pas, même s'il le voulait, se substituer au marché européen pour le gaz et le pétrole russes, l'Europe reste le premier débouché pour Moscou.

Et Pékin par ailleurs ne semble pas vouloir s'aliéner ce qui demeure ses plus grands marchés. L’Europe et les États-Unis. À l'export, ils représentent à eux deux 1 000 milliards de dollars de marchandises, c'est 15 fois plus que les volumes partant en Russie. La Chine a trop à perdre en se coupant de ses marchés. Mais cela étant dit, les choses pourraient évoluer si les sanctions devaient durer voire s'aggraver contre la Russie. C'est l'analyse de certains experts. Alors, la Chine pourrait permettre à de plus petites banques ad hoc d'assurer les échanges avec la Russie. Comme elle l'avait fait pour deux pays écrasés par les sanctions, l'Iran et la Corée du Nord.

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