L’Union européenne planche sur son indépendance énergétique à Versailles
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Comment se détacher au plus vite de la dépendance aux énergies fossiles russes ? L'équation n'est pas si simple pour les Européens dont 40% des importations de gaz proviennent de Russie. A cause de cette dépendance, pas question de décréter un embargo comme l'ont fait les Etats-Unis. Aussi ce jeudi et vendredi, les chefs d'État et de gouvernements de l'Union européenne planchent sur l'avenir à plus long terme de leur approvisionnement. Une réunion informelle s'ouvre à Versailles, près de Paris.
C'est la première réunion à ce niveau depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Elle était prévue de longue date pour parler de l'approvisionnement énergétique... déjà un casse-tête pour les Européens avant même l'éclatement du conflit.
Mais depuis, il s'agit aussi d'éviter d'alimenter la machine de guerre russe.
Mardi, Joe Biden a décidé d'un embargo
Pour les Européens beaucoup plus dépendants des énergies fossiles russes, c'est impossible, du moins aujourd’hui. Cela n'arrivera pas du jour au lendemain, a rappelé cette semaine le chancelier allemand Olaf Scholz principal opposant à un embargo et dont le pays est le plus concerné par cette dépendance à la Russie.
600 millions d'euros par jour, voilà ce que représentent les achats à la Russie
Et ça ne fait qu'augmenter de mois en mois, et compte tenu des menaces explicites faites par le vice-Premier ministre russe cette semaine de couper les approvisionnements en cas de sanctions, il faut agir au risque de manquer de gaz l'hiver prochain.
On n’attend pas de décisions à l'issue de ce rendez-vous européen à Versailles mais les partenaires devraient se fixer des orientations politiques qui seront mises en œuvre dans les mois à venir.
La Commission européenne veut diversifier les approvisionnement en se poursuivant les discussions avec des fournisseurs alternatifs l'Azerbaïdjan, l’Algérie le Qatar et les Etats-Unis. Ces derniers fournissent déjà du gaz naturel liquéfié (GNL).
Des alternatives beaucoup plus coûteuses pour l’Europe
Car les prix flambent... De plus, il faut des installations spécifiques pour le GNL. La Commission européenne préconise de mieux coordonner l'utilisation de ses infrastructures de stockage et de transport entre pays. Pour anticiper les ruptures d'approvisionnement l'hiver prochain, elle propose d'imposer à ses membres de remplir 90% de leur capacité de stockage au 1er octobre chaque année. De considérer aussi des achats en commun, comme le demande certains États. A plus long terme, il convient selon l'exécutif européen d'augmenter la production européenne de biogaz et d’hydrogène renouvelable. Avec tous ces efforts, l'exécutif européen pense pouvoir se passer des deux tiers de ses importations actuelles en provenance de Russie d'ici la fin de l'année. Et à 100% d'ici la fin de la décennie.
Pour les Etats, l'enjeu immédiat, c'est de limiter l'impact de la flambée des prix
En France, le prix du gaz est gelé depuis l'automne dernier et il pourrait le rester jusqu'à la fin de l'année. Pour faciliter la tâche des Etats, la Commission envisagerait d’assouplir les conditions pour les aides publiques comme elle avait fait pendant la crise du Covid. Voire leur permettre de taxer les bénéfices des entreprises énergétiques pour assurer le financement des mesures de soutien aux populations et aux entreprises.
Financer ces mesures par de la dette commune comme ce fut le cas au début de la crise sanitaire est sur la table, mais l’option risque à nouveau de fortement diviser. Alors que la crise menace la reprise économique espérée, que la flambée des prix menace l'ordre social. Certains Etats n'ont plus de réserves à évoquer des options plus discutables. Comme celle de revenir sur leurs engagements environnementaux. Le nucléaire revient dans le débat en Belgique, le charbon retrouve de l'attrait car son prix lui a baissé depuis le déclenchement de la guerre.
En Bref
Dans ce contexte, la ministre de l'Energie des Etats-Unis a demandé aux compagnies pétrolières de son pays de produire davantage de pétrole. Et cela pour répondre à la flambée des cours qui inquiètent dans un pays déjà en proie à une forte inflation.
Devant un parterre d'industriels réunis pour une conférence annuelle sur l'énergie au Texas, la ministre a demandé aux compagnies américaines d'être sur le pied de guerre alors qu’ils ont tendance pour le moment à ne pas accélérer leur production de peur de se retrouver coincés en cas de retournement du marché. Concernant les objectifs climatiques sur lesquels s'est engagé son pays, la ministre a martelé qu'il était possible de concilier l'urgence de la crise énergétique actuelle et celle climatique.
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