Aujourd'hui l'économie

Quel sera l’impact économique de la vague de réfugiés ukrainiens?

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Déjà 3,8 millions d'Ukrainiens sont arrivés en Europe, leur nombre pourrait doubler si le conflit s'éternise. Comment l’Union européenne se mobilise-t-elle pour faire face à cet afflux sans précédent ? Et quelles seront les conséquences économiques de leur séjour?

Réfugiés ukrainiens dans un centre de distribution à Korczowa, en Pologne, le 5 mars.
Réfugiés ukrainiens dans un centre de distribution à Korczowa, en Pologne, le 5 mars. AFP - JANEK SKARZYNSKI
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À la surprise générale, l’Europe si frileuse en 2015, voire hostile aux Syriens fuyant eux aussi la guerre, est devenue très accueillante en 2022 pour recevoir ses voisins ukrainiens. 60% d’entre eux sont en Pologne. Ils sont aussi en Moldavie, en Roumanie ou en Slovaquie ; parfois en transit avant de s’installer plus à l’Ouest. Après la solidarité spontanée manifestée par la population, l’État doit maintenant prendre le relais car les familles, surtout des femmes et leurs enfants, sont visiblement là pour de longs mois, voire des années. Ils ont besoin de se loger, d’apprendre la langue et si possible de travailler, les accompagner dans ces missions incombent à l’État.

Une opération qui aura un coût pharamineux, surtout pour les pays d’Europe de l’est

Effectivement, les pays du flanc oriental n’ont pas les infrastructures pour faire face, la Pologne s’est déclarée avant cette guerre totalement opposée à la migration et n’a donc pas de services had hoc. La Moldavie, qui n’est pas membre de l’UE, est déjà confrontée à un fort chômage des jeunes et son économie souffre de l'arrêt des échanges commerciaux avec la Russie et l’Ukraine. Pour aider tous les pays à faire face, les 27 ont décidé d’allouer 10 milliards d’euros à l’accueil. Et surtout de donner à ces réfugiés l’accès pendant un an à la santé, l’école, et le droit de travailler. La Banque centrale européenne est aussi mise à contribution pour faciliter le change de ceux qui arrivent avec quelques économies en hrivnia , une monnaie ukrainienne totalement dévaluée par la guerre et que la plupart des banques refusent.

Le prochain défi sera de faciliter l'insertion professionnelle des Ukrainiens déplacés

Si la guerre s’installe, cela deviendra très vite indispensable. Cette ressource, en priorité féminine, peut aussi être une chance pour les pays d’accueil qui font face à une pénurie de main d’œuvre. C’est le cas de l’Allemagne et de la Pologne. Ces deux pays étaient déjà en concurrence pour attirer les Ukrainiens avant le début de l’offensive russe. C’est le cas aussi des pays de l’Est qui sont en train de se dépeupler. C’est souvent méconnu mais la Roumanie, par exemple, fait venir des Vietnamiens, des Indiens ou des Népalais pour combler les postes vacants. 

Dans ces pays en demande, les réfugiés ukrainiens pourraient être non pas des charges mais des moteurs d’activité

C’est ce que démontre l’histoire récente des crises migratoires. Israël est devenue une start up nation entre autre grâce à l'apport de la diaspora soviétique. Après la chute du mur la population de l’État hébreu a augmenté subitement de 15% avec 600 000 nouveaux arrivants en cinq ans; le million et demi de Vietnamiens arrivés aux États-Unis après 1975 ont dopé les échanges avec ce pays. Cette explosion subite d’une population étrangère est aussi un risque politique, on a vu en Allemagne la poussée de l’AFD, le parti d'extrême droite après 2015. Cette progression est très nette non pas dans les régions qui ont accueilli le plus de réfugiés mais dans les plus déshéritées. C’est pourquoi les politiques publiques mises en place pour les nouveaux arrivants doivent aussi profiter aux régions en souffrance, préconisent les économistes experts dans cette migration contrainte.

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