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Élection présidentielle: le débat sur l’énergie dominée par les conséquences de la guerre

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À moins d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, gros plan sur le dossier de l’énergie. L’urgence climatique aurait pu imposer ce sujet dans la campagne mais c’est surtout la flambée des prix qui l’a rendu incontournable.

Il était près de 32 000 à défiler dans les rues de Paris le 12 mars 2022 pour que le climat soit plus pris en compte dans la campagne présidentielle.
Il était près de 32 000 à défiler dans les rues de Paris le 12 mars 2022 pour que le climat soit plus pris en compte dans la campagne présidentielle. AFP - ALAIN JOCARD
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La guerre en Ukraine a fait exploser le prix des carburants, la facture du gaz, et par ricochet celle de l’électricité. Tous les candidats ont donc des solutions pour alléger l’addition. Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour veulent bloquer les prix et faire endosser l’augmentation aux producteurs. Marine Le Pen veut baisser les taxes perçues par l’État.

Emmanuel Macron a déjà agi en tant que président en bloquant le prix du gaz pour toute l’année, en limitant la hausse de l’électricité à 4% et en offrant une ristourne à la pompe depuis ce vendredi 1er avril. Toutes ces mesures s'inscrivent dans la défense du pouvoir d'achat, mais elles ne constituent pas en soi une politique énergétique.

Sont-elles compatibles avec l’objectif de neutralité carbone en 2050 ?

Elles sont plutôt contre productives pour abaisser les émissions de carbone, déplorent les experts de la politique énergétique. Un prix protégé n'incite pas à dépenser moins, alors que la sobriété fait partie de la solution à la baisse des émissions de carbone. Il faudrait plutôt augmenter les prix de l'énergie pour envoyer le bon signal, celui de la baisse de la consommation.

Mais depuis le mouvement des gilets jaunes, toute hausse de l'énergie est perçue comme socialement explosive et donc politiquement insoutenable. Le blocage des prix va par ailleurs décourager les producteurs, à moyen terme cela va donc aggraver le problème du prix. Enfin, il ne tient pas compte des inégalités face au prix, les plus riches ou ceux qui pourraient emprunter d’autres transports bénéficient autant du blocage que les plus pauvres contraints de se déplacer en voiture pour aller travailler par exemple.

La guerre en Ukraine a aussi remis au centre du débat la question de l’indépendance énergétique.

La France doit désormais revoir ses choix d'approvisionnement à l’aune de la géopolitique. Yannick Jadot, le candidat écologiste, conteste par exemple qu’on remplace le gaz russe par du gaz de schiste américain. Même son de cloche chez Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche radicale. En France où l’on n’a pas de pétrole, le nucléaire est le socle de la souveraineté nationale. Les centrales fournissent aujourd’hui 70% de l’électricité.

Avec la hausse de la demande engendrée par la voiture électrique, ce ne sera plus que 50% en 2050. D’où le retour du débat sur l’avenir du nucléaire. Avec d’un côté les pros : un groupe hétéroclite allant de Marine le Pen et Eric Zemmour pour l’extrême droite au communiste Fabien Roussel en passant par Emmanuel Macron et la candidate des Républicains Valérie Pécresse. En face, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon plaident au contraire pour l’abandon progressif de l’atome.

Ces trois candidats prônent aussi une forte augmentation des énergies renouvelables.

Globalement, tous les candidats y souscrivent. Avec parfois des bémols ; les candidats de l’extrême droite rejettent tous les deux l’éolien et prônent vaguement la géothermie et l’énergie hydraulique, quand bien même ces modes de production ne seront jamais en mesure de générer autant d’énergie que l’éolien. Emmanuel Macron a remis au goût du jour l’idée de planification pour accélérer la mise en œuvre des projets dans les renouvelables.

Les idées sont bien là, mais elles relèvent encore de la pensée magique, déplorent les experts des enjeux climatiques, avec très peu de propositions sur le financement et les moyens humains pour y parvenir. Il y a pourtant urgence : la France est le seul pays européen à avoir du retard dans ses objectifs en matière d’énergie renouvelable.

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