Le G20 est-il encore une instance de gouvernance mondiale?

En marge des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, se tient aujourd’hui un G20 Finances sous haute tension diplomatique : la Russie sera bien représentée malgré l’opposition des Occidentaux.

C'est l'Indonésie qui est à la tête de la présidence du G20 en 2022. © AFP

Et d’abord des États-Unis : Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a fait savoir que sa participation au G20 serait sélective, sans plus de précision. En revanche, le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, dirigera bien la délégation de son pays. En sa présence, on voit mal aujourd’hui comment les participants pourront discuter des moyens d’améliorer l’effet des sanctions contre la Russie comme le souhaitent les États-Unis. Les échanges semblent voués à l’échec puisqu’on sait déjà qu’il n’y aura pas de communiqué final publié à l’issue de la réunion.

La Russie toujours pas évincée de l'instance

Avec son intervention militaire en Ukraine, la Russie est progressivement exclue de toutes les instances de concertation mondiales : elle a été exclue du G7, le groupe des pays riches, en 2014 à cause de l’annexion de la Crimée et elle a bien failli subir le même sort cette année au G20.

Mais dans ce club beaucoup plus large, représentant 80 % de l’économie mondiale, Moscou a reçu le soutien de la Chine, de l’Indonésie qui assure la présidence, de l’Afrique du Sud ou de l’Arabie saoudite. L’initiative américaine a fracturé le G20. Avec d’un côté les pays occidentaux, et de l’autre les grands émergents. Janet Yellen a prévu des entretiens bilatéraux avec ses homologues sud-africains et saoudiens, on verra si cela suffit à réconcilier les positions des deux camps.

Le G20 peut-il survivre à la guerre en Ukraine ?

La question est sans réponse évidente pour le moment. Mais le fait qu'elle soit posée est en soi très inquiétant. Même s’ils condamnent l’agression militaire russe en Ukraine, les observateurs s’interrogent sur l’avenir d’une organisation si elle n'est plus un lieu de discussion et de fabrication du consensus.

Le G20 s’est révélé hyper efficace en 2008 au moment de la crise financière. Depuis, il est devenu un organe de gouvernance mondiale avec des résultats concrets. Comme la taxe mondiale sur les entreprises à 15% entérinée cet été à Paris, la lutte contre le réchauffement climatique et le désendettement.

Crises de surendettement à craindre

Ils ont été autorisés à suspendre provisoirement le paiement des intérêts. Dans la foulée, le G20 s'est attaqué à la restructuration de la dette. Avec la montée en puissance de la Chine parmi les prêteurs et l’explosion des créanciers privés, il faut trouver au niveau mondial de nouveaux modes de résolution pour compléter le travail effectué jusqu’alors par le club de Paris.

Étant donné que la guerre aggrave les difficultés économiques et financières des pays les plus fragiles, les crises de surendettement sont à craindre, a indiqué hier le FMI. Il y a donc urgence à trouver un terrain d’entente sur ces questions. Le G20 est plus que jamais indispensable pour trouver des réponses collectives.

► EN BREF

Un revers pour Netflix : la société a perdu 200 000 abonnés au premier trimestre, une première depuis plus de dix ans.

Le plus dur est à venir pour la plateforme de vidéos : l'hémorragie devrait s'aggraver au deuxième trimestre avec deux millions de clients en moins. L'action Netflix a immédiatement chuté de 25 % dans les échanges électroniques.