Au Mexique l’accord de libre-échange passé avec les États-Unis profite aux salariés
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L’inflation galopante encourage les revendications salariales. C’est vrai en Occident, mais aussi dans certains pays émergents comme le Mexique où un syndicalisme très revendicatif est en pleine renaissance.

Les vieux syndicats clientélistes inféodés au pouvoir, créés pour mobiliser leurs troupes lors des élections sont encore largement majoritaires au Mexique. Mais ils viennent d’encaisser une série de défaites historiques. Dans trois usines dédiées à l’industrie automobile américaine et canadienne, des nouveaux représentants indépendants ont été élus avec des majorités écrasantes et ils sont déjà très actifs sur le terrain. Mobilisés pour dénoncer les violations du droit du travail et pour réclamer des augmentations de salaire dans une usine Panasonic, chez un équipementier et chez General Motors, le tout-puissant constructeur américain, longtemps numéro un des États-Unis en termes de production. Dans l'usine GM de Silao, au nord du Mexique, Sinttia, le nouveau syndicat indépendant de l’industrie automobile mexicaine, a récemment remporté les élections et ses élus réclament une augmentation de 19% pour les 6 000 salariés de l’usine.
Les négociations ont commencé et elles sont suivies de près par l'ensemble des salariés et des employeurs étrangers
Si le syndicat parvient à ses fins, les employés des autres sites mexicains de la marque américaine pourraient s’engouffrer dans la brèche et réclamer à leur tour de meilleurs salaires. Ce bras-de-fer pourrait changer la donne dans toutes les entreprises installées au Mexique pour profiter des bas salaires. Les pourparlers reprendront jeudi. Pour le moment, General Motors propose une hausse de 3,5%. C’est deux fois moins que l’inflation actuelle au Mexique. Le syndicat a placé la barre très haute d’abord parce que les salaires stagnent depuis des années dans cette usine. Et ensuite parce qu’ils sont inférieurs à ceux des autres marques étrangères. Nissan, Audi et Volkswagen ont été contraints d’augmenter les salaires sous la pression de syndicats indépendants.
Qu'est-ce qui a permis la mobilisation des ouvriers mexicains ?
Un contexte juridique beaucoup plus favorable, porté par un vent de mieux disant social parti des États-Unis. Les élus démocrates et les syndicats ont fait pression pour que le nouvel accord de libre-échange passé entre les États-Unis le Canada et le Mexique, accord succédant à l’Alena, ait un volet social. Leur objectif : protéger les cols bleus américains des délocalisations abusives. Grâce à ce nouvel accord, le représentant américain au commerce peut entamer des poursuites contre un employeur bafouant le droit du travail sur le sol mexicain via une procédure accélérée. C’est ce qu’il a fait contre General Motors. Avant de signer ce nouvel accord de libre échange, Mexico a du réformer son droit du travail pour rendre obligatoire le vote à bulletin secret des représentants syndicaux.
Si elles aboutissent, ces revendications salariales peuvent-elles changer l'organisation mondiale de l’industrie automobile ?
Une hausse de 19% ferait passer le salaire horaire à 135 pesos dans les usines de General Motors, soit 6,62 dollars alors qu’il est supérieur à 17 dollars dans les usines américaines du groupe. Même de cette ampleur, il n’y a pas de quoi remettre en cause la présence de GM au Mexique. Les salariés de Silao sont plus déterminés que jamais. Ils ont donné à leurs représentants un mandat pour négocier jusqu’au 31 mai. En cas d’échec, ils sont prêts à se mettre en grève.
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