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Le commerce équitable: entre progression et critiques

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En France, le café est le produit équitable le plus vendu.
En France, le café est le produit équitable le plus vendu. © L'Arbre à Café
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Le marché du commerce équitable poursuit sa progression et dépasse en France, pour la première fois, la barre des 2 milliards d’euros de ventes en 2021, une croissance de + 11% selon l’Observatoire du commerce équitable. À l’occasion de l’ouverture de la Quinzaine du commerce équitable qui se tient jusqu’au 22 mai, retour sur un système qui dit favoriser la juste rétribution des producteurs.

Dans un contexte de marché de la grande consommation atone (-0,3 % pour les ventes de produits frais et libre-service en 2021 – source LSA), et un pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation, il est étonnant de voir que le commerce équitable continue sa progression. Première explication : les consommateurs restent attachés aux valeurs de juste rémunération des producteurs. Les produits équitables venus des pays du Sud voient leur consommation progresser de 12% en 2021 en France. Ces produits concernent 65% des ventes totales.

Il y a aussi, selon le leader sur le marché, Max Havelaar, un effet rebond post-Covid-19 de la consommation hors domicile : dans les cafétérias, machines à café, restaurants et cantines. Le café restant le produit équitable le plus vendu. La banane équitable a aussi franchi un cap en 2021, grâce à une présence dans toutes les enseignes de distribution. Enfin, le chocolat fair trade est passé de 1 000 à 2 000 références en un an. Les produits chocolatés connaissent une croissance remarquable de +28% en 2021, selon l’Observatoire du commerce équitable. 

Dans le contexte actuel de hausse des prix pour de nombreuses denrées alimentaires, comment se situent les marques de commerce équitable ?

Pour Max Havelaar, la réponse est « le commerce équitable est une course de fond ». Autrement dit, garantir un revenu minimum pour les producteurs, et des critères sociaux décents aux travailleurs, cela veut dire les protéger des fluctuations du marché, ils ne subissent donc pas les baisses… et de facto, pas les hausses de prix non plus. C’est tout le principe de ce système.

Pour Frederic Amiel, chercheur à l'Institut du développement durable des relations internationales (IDDRI), le problème est ailleurs : ce prix garanti aux producteurs n'est aujourd'hui pas suffisamment élevé pour leur assurer une amélioration de leur niveau de vie. Et il faudrait plutôt « repenser la régulation du commerce des matières agricoles, en arrêtant de considérer les produits équitables comme des compléments de gamme à ceux déjà installés dans les supermarchés, et en imposant les normes du commerce équitable à l’ensemble des produits » (source : La Croix).

Car si le commerce équitable a été pensé au départ comme une alternative au commerce mondial, en repensant les rapports Nord-Sud, aujourd'hui, des voix s'élèvent pour dénoncer notamment l'impact écologique de ce système qui s'appuient sur les échanges internationaux, là où la tendance actuelle est de privilégier les produits locaux et de saison, afin d’éviter le déversement de plusieurs tonnes de CO2 dans l’atmosphère lors du transport des denrées.

Chez Max Havelaar, le commerce équitable s'applique d’ailleurs désormais à de nombreux produits « made in France ». La marque s’est associée à des producteurs de lait du Cotentin en Normandie, mais aussi à des producteurs de la filière blé dans le Gers. L’idée étant de ne plus seulement assurer une vie décente aux producteurs du Sud, mais aussi de s'intéresser au sort des agriculteurs français dont 18% vit sous le seuil de pauvreté. Le label certifie des produits transformés mêlant des ingrédients des deux parties du monde avec notamment un fromage blanc à la vanille de Madagascar et du sucre de canne certifié 100 % commerce équitable disponible à partir de cette semaine en France.

Une multitude de labels

Selon une étude européenne, le principal frein au commerce équitable pour le consommateur, reste le prix. Mais le facteur économique n’est pas le seul à entrer en ligne de compte. Le manque d’information et de compréhension joue également un rôle. Il existe des dizaines de marques de commerce équitables à travers le monde aujourd’hui. 

En France, la loi climat prévoit qu’à partir de 2023, tous les produits issus du commerce équitable doivent avoir un label ou un système de garantie reconnu. 

Les acteurs du commerce équitable réclament aussi un fonds de soutien gouvernemental équivalent à celui du bio. Ils attendent aussi des distributeurs la mise en place de rayons dédiés et des « clauses miroirs » dans les négociations commerciales.

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