L’accès à l’eau est devenu un luxe dans les villes ukrainiennes où les systèmes de distribution ont été détruits par les combats. L’armée russe a-t-elle transformé cette ressource vitale en arme de guerre ?

C’est l’hypothèse partagée par des experts militaires et des chercheurs spécialisés dans l’étude de l’eau. Depuis le début de l’offensive, le contrôle de cette ressource vitale a été une priorité constante du Kremlin. D’abord pour rétablir sa distribution en Crimée. En 2014, après l’annexion de la péninsule par l'armée russe les Ukrainiens détournent le canal de 400 km qui l’alimentait en construisant un barrage, privant ainsi cette région aride de l’ingrédient indispensable à son agriculture. 85% de son approvisionnement en eau douce dépendait du canal. En février, deux jours après le début de leur offensive, les Russes ont repris le contrôle du barrage et rouvert les vannes. L’eau circule à nouveau comme en témoignent depuis quelques semaines les habitants de Crimée. Le retour de l’eau en Crimée a été sans doute l’une des raisons motivant l’entrée en guerre de la Russie.
Dans l’est de l’Ukraine les coupures d’eau ont surtout servi à démoraliser la population
On a tous en tête les images ou les témoignages de ces Ukrainiens contraints de faire la queue pour obtenir quelques bidons d’eau potable. Le village de Mykolaïv a été privé d’eau pendant un mois et à Marioupol les derniers habitants ont aussi subi ces privations à cause de la destruction brutale et délibérée des installations. Les canalisations, Les usines de traitement d'eau, les stations de pompage sont systématiquement la cible des frappes aériennes russes. En violation des conventions internationales. La Russie a fait de l'eau une arme de guerre. Une stratégie qu'elle a déjà expérimentée sur d'autres champs de bataille. En Syrie par exemple où son aviation a bombardé des stations de pompage. En Ukraine les Nations unies estiment qu'un million 400 000 habitants sont aujourd'hui privés d'eau, quatre millions 500 000 sont exposés à ce risque.
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Les Ukrainiens souffrent aussi de la pollution des sources
Dans les régions industrielles où les sols sont déjà souillés par des rejets chimiques, la contamination de l'eau est un dommage collatéral des combats. Dans l'est de l'Ukraine, les habitants de la ville de Lyssytchansk font bouillir l'eau qu'ils vont récupérer à une source à l'écart des habitations. Une source que les habitants redécouvrent chaque fois que le pays est en guerre. Elle a été providentielle en 2014, et pendant la Deuxième guerre mondiale se souviennent les plus anciens. Ceux qui conservent l'accès à l'eau le protègent au maximum. Dans la région du Donbass, le canal bâti dans les années 50 par les Soviétiques descend du Nord vers Marioupol. C'est la seule ressource pour six millions d'habitants de la région. En 2014 le système est ébranlé par la guerre et fragmenté entre diverses administrations ukrainiennes ou rattachées aux séparatistes. Mais comme il s'est avéré impossible de le diviser en deux, les séparatistes et les Ukrainiens coopèrent pour le gérer et desservir indistinctement les populations et les industries qui en dépendent. Une exception fragile qui pourrait à tout moment être compromise par de nouveaux combats.
►En bref
En Chine, les habitants de Shangaï ont enfin repris le travail ce mardi
C'est un retour à la normale très progressif pour la cité des affaires et ses 25 millions d'habitants confinés depuis deux mois. Les gens peuvent travailler mais une bonne part des activités restent fermés. Les cinémas ou les salles de sport par exemple et les magasins rouvrent avec des capacités et des horaires limités. Ce retour à la vie est salué par la bourse japonaise, en revanche les marchés chinois sont en berne ce matin, toujours inquiets des retombées du Covid chez eux et de l'inflation dans le monde, qui pourraient limiter la reprise des exportations.
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