Aujourd'hui l'économie

La France en «économie de guerre»?

Publié le :

« La France doit tirer les conséquences de la situation géopolitique et entrer dans une économie de guerre » a prévenu, lundi 13 juin, le président Macron, lors de son déplacement à Eurosatory, le salon de l’armement terrestre, au nord de Paris. En termes économiques, comment interpréter cet avertissement solennel ?

Emmanuel Macron en visite à Eurosatory, le plus grand salon international de défense, à Villepinte, le 13 juin 2022.
Emmanuel Macron en visite à Eurosatory, le plus grand salon international de défense, à Villepinte, le 13 juin 2022. REUTERS - POOL
Publicité

Cette déclaration très martiale du président est destinée à frapper les esprits et à expliquer, communiquer sur un changement qui, de fait, est déjà intervenu. Comme les autres pays concernés par l’invasion de l’armée russe en Ukraine, la France adapte son économie. Pour faire face aux manques réels ou redoutés que le conflit va engendrer. Manque d’accès à une énergie bon marché, le gaz russe, pour les Européens, manque d’approvisionnement en blé russe ou ukrainien pour les pays importateurs.

L'économiste Keynes résumait la situation en quelques mots : « l’économie de guerre, c'est le passage de l’abondance à la pénurie ». Et dans cette perspective, l’État mobilise rapidement toutes les forces économiques du pays pour qu’elles pallient les manques. Le pays tente de répondre par lui-même à ses besoins.

Le président a insisté sur les besoins militaires

En livrant du matériel à l’Ukraine, la France a vidé ses stocks, déjà jugés trop faibles avant le début du conflit. Vu la situation à l’est de l’Europe, il y a urgence à les reconstituer. Il faut produire au plus vite des obus, des missiles ou du matériel d’artillerie. L’industrie est déjà en ordre de marche pour répondre à cette demande. Mais cela ne suffira pas à couvrir tous les besoins. C’est pourquoi une loi devrait rapidement être soumise au Parlement pour réquisitionner les matériaux ou les entreprises civiles à des fins militaires.

À lire aussi : Salon Eurosatory: les armes et la sécurité, des secteurs d'activité toujours prospères

Une telle loi existe déjà aux États-Unis pour faire face à ces situations exceptionnelles. Selon Jacques Attali, le passage à l’économie de guerre est une question de survie. Par opposition à l'économie en temps de paix, l’économie de guerre n'est plus tournée exclusivement vers la satisfaction des désirs des clients ou des actionnaires des entreprises, elle doit être prompte à répondre aux priorités fixées par le gouvernement.

L’État va-t-il dépenser plus pour financer cette économie de guerre, comme il l'a fait pendant la pandémie ?

Le président Macron l’a souligné, « on ne peut plus vivre dans la grammaire d’il y a un an ». La situation n’est donc pas comparable aux efforts entrepris pour lutter contre la propagation du Covid-19. On passe du « quoiqu’il en coûte » appliqué au revenu des Français au quoi qu’il en coûte appliqué à la production, fait remarquer Jacques Attali. L'économie de guerre est souvent associée avec la planche à billets : les banques centrales seraient priées de fermer les yeux sur l’inflation et le surendettement pour faire face à l’urgence de la situation.

Mais cette fois, c'est différent. Face à l'inflation, les banques centrales interviennent pour tenter de la juguler en remontant les taux d'intérêt. La réserve fédérale va annoncer d'ici demain un relèvement de ses taux d’intérêts plus fort qu’initialement prévu, la Banque centrale européenne est sur la même ligne. Par ailleurs, la France devra faire des choix budgétaires, car pour le moment le président n'a pas précisé s'il allait augmenter l'enveloppe dédiée à la défense.

► EN BREF

La déroute des marchés emporte le bitcoin sur son passage : la cryptomonnaie a perdu 14% de sa valeur en 24 h

Le bitcoin est brièvement passé en dessous de la barre des 21 000 dollars. Il a perdu 70% de sa valeur depuis le sommet du mois de novembre. Les autres cryptos sont également balayés par ce coup de froid boursier. Certaines plateformes d'échange, comme Binance, la première d'entre elles, ont suspendu les retraits, attisant la panique parmi les détenteurs de ces monnaies virtuelles.

© RFI

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes