Deezer, le champion tricolore du streaming musical, qui a vu le jour en 2007, entre à la Bourse de Paris. Une consécration pour cette licorne. Une entreprise toujours pionnière dans son domaine, mais pas encore rentable.
Les fans de rap ont pu suivre sur Deezer le concert de Jul au stade vélodrome de Marseille en livestream. Ce format était une première mondiale. Depuis ses débuts, la plateforme a toujours été à l'avant-garde technologique et commerciale.
C'est la première à signer un accord avec la Sacem, la société des auteurs, et surtout avec Universal, le poids lourd de l’industrie. Ce sera ensuite la première à passer un contrat avec une entreprise de télécommunication, Orange. Ce partenariat lui assure une vaste campagne de promotion et un public captif. La première à proposer du son en qualité CD. Toutes ces innovations ont systématiquement été reprises par les concurrents.
Sur le plan commercial, la licorne française est très vite dépassée par ses rivaux
Cette start-up française, affublée d'un nom anglais pour mieux percer à l'international, n'a cependant pas réussi à sortir du marché national. C’est en France qu’elle réalise 60% de son chiffre d’affaires. Sa présence dans le monde est encore anecdotique. Elle capte seulement 2% du marché mondial alors que Spotify créé un an plus tard, s’arroge 30% de l’audience. Le Suédois arrivé deuxième dans la course, a tout de suite misé sur l’international et a très vite raflé la mise. Apple Music, Amazon Music, YouTube sont les autres puissants acteurs du streaming musical.
Pourquoi Deezer n’a pas su changer de dimension ?
La start-up a été créée par un codeur de génie, David Marhely. Mais c’est surtout grâce au soutien financier de Xavier Niel que l’affaire sera lancée. Les parrains qui vont suivre insistent sur le développement hexagonal pour récupérer leur mise. Deezer va donc cultiver son modèle avant de penser à l’exporter.
► À écouter aussi : Universal entre en bourse: la consécration pour le numéro un mondial de l’industrie musicale
Spotify pèse aujourd’hui 20 milliards d’euros, vingt fois plus que la licorne française. Malgré cette différence de taille, les deux plateformes sont confrontées au même problème : leur activité n’est toujours pas rentable. Les plateformes sont soumises à la loi de l’industrie musicale, les majors détenant les droits comme Universal captent la plus grosse partie de la valeur et les publicités sur les abonnements gratuits ne suffisent à faire rentrer du cash.
En quoi l'entrée à la Bourse de Paris peut changer la donne ?
Deezer a besoin d'argent frais pour continuer son développement. L'entreprise a renoncé à la cotation en 2015 à cause du lancement d'Apple Music. Cette année, l'environnement des affaires n'est pas très porteur non plus : l'inflation pourrait compromettre l'activité des services en ligne et les géants de la tech sont tous malmenés en Bourse en ce moment.
Mais Deezer s'est prémuni de ces risques en s'associant avec un Spac, un véhicule d'investissement lancé par le financier Matthieu Pigasse et François Pinault, le champion du luxe. Malgré les incertitudes sur le contexte économique, le PDG de Deezer estime qu'il y a une forte marge de progression pour le marché de la musique en ligne à saisir au plus vite. Ce marché a bondi de 20% l'an dernier. Aujourd'hui 8% des habitants de la planète sont abonnés, ce taux pourrait quasiment doubler d'ici 2025. Doubler son chiffre d'affaires, c'est aussi l'objectif de Deezer d'ici deux ans.
► EN BREF
La Chine prête à injecter 75 milliards de dollars pour soutenir son économie.
D'après l'agence Reuters, Pékin pourrait lancer un nouveau fonds dédié aux infrastructures. Il sera doté de 500 milliards de yuan, soit environ 75 milliards de dollars. Cette relance permettrait de maintenir un taux de croissance en ligne avec les objectifs fixés par le parti communiste.
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