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Les Afro-Américains en première ligne dans le crash des cryptos

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Aux États-Unis, la communauté noire est la plus exposée à la débâcle actuelle des cryptomonnaies. Les Afro-Américains sont réputés être plus friands de ces nouvelles monnaies que les Blancs.

Aux États-Unis, un quart des investisseurs noirs auraient acheté des monnaies cryptées contre seulement 15% des Blancs.
Aux États-Unis, un quart des investisseurs noirs auraient acheté des monnaies cryptées contre seulement 15% des Blancs. © JACK GUEZ / AFP
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L’engouement est venu avec la hausse vertigineuse du bitcoin et de ses clones. Parce que cet actif est facile d’accès, parce que les gains potentiels paraissaient pharamineux. Les Afro-Américains, surtout les moins de quarante ans, ont très vite vu dans ces monnaies virtuelles l’opportunité de faire fortune rapidement. Un moyen de briser la paroi de verre pour une communauté économiquement et historiquement défavorisée. Un univers où il y a déjà des légendes, comme ce jeune informaticien noir devenu millionnaire en investissant 2 000 dollars en bitcoins. Terrance Leonard a vendu la majeure partie de ses actifs en cryptos en 2020 pour s’acheter une grande maison à Washington DC. Un rêve qui devient réalité pour ce jeune homme et une affaire conclue au bon moment. Car aujourd’hui, avec la chute des cryptos, il serait contraint de réviser à la baisse le nombre de mètres carrés. Un quart des investisseurs noirs auraient acheté des monnaies cryptées, contre seulement 15% des Blancs.

Des ténors de la communauté noire américaine en ont été des fervents prescripteurs

Le rappeur Jay Z, aujourd'hui milliardaire, investisseur enthousiaste en cryptos, a ouvert une académie du bitcoin dans son quartier de New York, les cours sont gratuits tout l’été. Le réalisateur Spike Lee apparaît dans une publicité vantant les cryptos sur YouTube. En acquérir pour un jeune Noir est aussi faire un geste anti-establishment. Car les Noirs américains, encore aujourd'hui, se sentent souvent exclus du monde de la finance. C’est compliqué aux États-Unis d’obtenir un prêt quand on ne peut pas fournir des preuves sur son historique financier, sur son emploi, ou tout simplement quand on n’a pas ou plus de compte bancaire. Cela concerne encore 13% des membres de la communauté noire. Avec les créations en NFT réglées en cryptos, les artistes noirs ont pu aussi être enfin reconnus et bien rémunérés. On parle pour eux de revenus à cinq ou six zéros.

Investir en cryptos, un pari très risqué

Effectivement, les ménages noirs gagnent en moyenne 9 000 dollars par an, contre 160 000 dollars pour les Blancs en 2019. Leur capacité d’épargne est donc beaucoup plus faible, c’est pourquoi les Noirs sont en général des investisseurs conservateurs, très prudents dans leur choix. Et pourtant, ils sont deux fois plus nombreux que les Blancs à choisir les cryptos pour un premier placement. Le prosélytisme des multimillionnaires du show-business peut paraître abusif, l'académie du bitcoin créée par Jay Z a été très critiquée. Elle induirait en erreur des jeunes qui feraient mieux de ne pas brûler leurs économies dans un pari audacieux.

Les promesses de fortune rapide évaporées avec la débâcle des cryptos ?

Le rêve d’effectuer en quelques mois le grand bond que leurs parents et leurs ancêtres ont été empêchés d’accomplir en a pris un coup. Mais les jeunes n’ont pas totalement délaissé ce créneau, ils gardent leurs cryptos en attendant que les cours remontent. Le miracle des cryptos n’aura pas lieu. Pas seulement parce que leur valeur est en train de s’effondrer, mais surtout parce qu’il faudrait bien plus qu’un marché hyper spéculatif pour réduire le fossé financier entre les Blancs et les Noirs. La communauté noire représente 13% de la population américaine, mais elle détient seulement 3,8% des richesses du pays.

► En bref

En Chine, les épargnants lésés par des banques locales du centre du pays devraient obtenir réparation.

Après avoir bruyamment manifesté dans la région du Henan, allant jusqu'à accuser les autorités d'inertie, les épargnants ont finalement réussi à obtenir gain de cause et vont pouvoir récupérer une partie de leur argent à partir de vendredi. Quatre banques de cette province ont gelé les retraits depuis le mois d'avril.

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