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Aérien: la grogne des personnels au sol gagne l’Allemagne

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Des avions de la compagnie Lufthansa dans le nouvel aéroport berlinois Willy Brandt, à Schoenefeld, le 29 octobre 2020.
Des avions de la compagnie Lufthansa dans le nouvel aéroport berlinois Willy Brandt, à Schoenefeld, le 29 octobre 2020. © REUTERS / Hannibal Hanschke
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En Allemagne, la plus grande compagnie aérienne européenne, la Lufthansa, est contrainte d’annuler quasiment tous ses vols aujourd’hui à cause d’une grève du personnel au sol demandant des hausses de salaires. Cette revendication est répandue à travers toute l’Europe.

Partout en Europe, ces salariés très spécialisés réclament des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. Faute de personnel en nombre suffisant, ils sont aujourd’hui débordés par l’ampleur des tâches à accomplir en cette période de vacances; une période où les touristes sont ravis de retrouver un peu de liberté après deux ans de Covid et sont pressés de reprendre l’avion. Quelque 100 000 employés manquent à l’appel dans les aéroports européens, pour assurer au sol les services de traitement des bagages, d’enregistrement, de ménage, de sécurité, ou encore de remorquage des avions et des passagers. Toutes ces fonctions indispensables pour que les avions puissent décoller et atterrir à l'heure prévue. En Allemagne, le syndicat Verdi à l'origine de cette grève massive exige 9,5% d’augmentation.

Une conséquence directe de la pandémie ?

Les compagnies aériennes ont réussi à conserver leurs salariés moyennant parfois des réductions de salaire. En revanche, les entreprises chargées des services au sol ont dû massivement licencier suite à la fermeture des aéroports, car leur activité est beaucoup plus précaire et minée par une concurrence dévastatrice. Depuis la libéralisation du secteur aérien, en 1996, les aéroports européens ont externalisé au maximum pour faire baisser les coûts de ces services au sol. Il y a par exemple aujourd’hui 800 contractants pour fournir les services à l’aéroport Charles-de-Gaulle, au nord de Paris. Pour remporter les contrats, les entreprises ont taillé dans les salaires et privilégié le recrutement sur des contrats à durée limitée. Les confinements successifs les ont laminés. On a atteint les limites du nivellement par le bas pratiqué depuis une trentaine d’années.

À l’aéroport d’Amsterdam, signature d'un accord contre la concurrence sauvage

Il était temps. Au printemps, les passagers de l’aéroport de Schiphol ont vécu l’enfer, ils en sont parfois venus aux mains tellement leur attente était devenue insupportable. Augmenter les salaires est devenu par ailleurs une revendication légitime au moment où l’inflation flambe et dévore le pouvoir d’achat des plus modestes. Évidemment, il faudra régler l’addition. Les surcoûts seront sans doute facturés aux compagnies et donc in fine, aux passagers.

Bientôt la fin des billets à moins de dix euros de Ryan Air

Le champion irlandais du vol à bas coût est pourtant l’une des rares compagnies à dégager des bénéfices au deuxième trimestre. Cet avertissement prépare les esprits aux augmentations futures du prix des billets, une tendance déjà ultra-sensible. En France, toutes compagnies et tous types de vol confondus, les prix ont grimpé de 26% en un an. Les compagnies relèvent le prix du billet pour éponger leurs pertes liées au Covid, mais aussi pour faire face à la hausse du kérosène provoquée par la guerre en Ukraine. Enfin, elles doivent aussi investir dans la transition énergétique et dorénavant réviser les contrats pour les services au sol. Les salaires représentent 70% des coûts des services au sol. Pour alléger cette addition et faciliter le travail, il faudra aussi investir dans l’automatisation et la digitalisation.

► En bref

Dans le sillage de Wall Street, les bourses asiatiques sont en baisse ce matin.

Les prévisions pessimistes du FMI sur le risque d'une récession ont renforcé leurs craintes. Les investisseurs ont aujourd'hui le regard tourné vers Washington, où la Réserve fédérale doit annoncer un nouveau relèvement de ses taux directeurs. On parle d'une hausse de 0,75%, comme en juin, voire 1%. La difficulté pour Jerome Powell est de bien calibrer la hausse pour mater l'inflation en évitant de plonger l'économie dans la récession.

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