Suite et fin de notre série consacrée à ces projets industriels lancés avec enthousiasme et qui se sont révélés être des échecs. Elles devaient remplacer nos smartphones et faire le pont entre monde numérique et monde réel. C’est en tout cas comme cela que Google a présenté pour la première fois ses lunettes connectées, ses « Google Glass ». C’était il y a dix ans. Depuis, ce projet n’a jamais réellement pu voir le jour, et Google a reconnu qu’il s’agit là de son échec le plus important.

Nous sommes en juin 2012, en Californie. Deux patrons de Google présentent pour la première fois ces Google Glass aux développeurs du monde entier réunis dans un grand amphithéâtre.
« On a une belle surprise pour vous les gars. »
« Vous avez vu des démonstrations de produits intéressantes ici. Des démos rondement menées, solides. Sachez que là : ça va être tout le contraire ! »
Ça peut mal tourner de 500 manières différentes. « Donc dites-moi maintenant, qui veut voir une démo des Google Glass ? »
Ces Google Glass sont des lunettes sans verres. Mais avec une petite vitre transparente à droite sur laquelle est projeté un écran. Le but : faire apparaître par illusion, le numérique dans le monde réel. C’est la toute nouvelle technologie de la réalité augmentée.
Les Google Glass se contrôlent notamment avec la voix. Pour lui donner un ordre, il suffit de commencer sa phrase par « OK Glass ». C’est une autre technologie naissante : celle de la reconnaissance vocale.
Après cette conférence, les publicités s’enchaînent et les développeurs sont invités à venir acheter ces lunettes directement au siège de Google, en Californie. Sébastien Perrier est vidéaste et youtubeur franco-suisse : « Pour moi, c'était le futur. J'ai eu les Google Glass il y a dix ans. C'était une espèce d'innovation alors que les smartphones commençaient tranquillement à se développer. Quand elles sont arrivées c'était la "hype" (l'engouement, ndlr), c'était excitant à l'époque. »
L'excitation prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Tout le monde veut ses Google Glass. « Moches ? Oui ! Elles n’étaient pas belles en tout cas, note Sébastien Perrier. Vu qu'on avait qu'une seule "demi lunette". On était tout de suite remarqué dans la rue. » Une fois testées, les journalistes et les blogueurs sont plus que dubitatifs sur le produit. « Il n’y avait pas grand-chose à faire, un peu comme sur le premier iPhone, ajoute-t-il. On n'a pas beaucoup d'applications, c'était très restreint. À part afficher l'heure, on pouvait regarder une petite vidéo, écouter de la musique, regarder des photos et c'était à peu près tout... »
Le design n’est pas son seul point faible
D’abord, elles sont jugées trop onéreuses. Quand le dernier iPhone coûtait 200 dollars, les Google Glass étaient vendues aux développeurs sept fois plus cher. Le tout pour des fonctionnalités limitées. Les lunettes peuvent aussi filmer. Ce qui a posé des problèmes de vie privée. Aux États-Unis, certains porteurs se sont faits agresser par des gens qui se sentaient filmés. La police de Dubaï a même utilisé ces lunettes pour faire de la reconnaissance faciale et analyser le visage des passants.
Tout cela a fini par ternir l’image des Google Glass. Peut-être sont-elles arrivées trop tôt ? Peut-être ont-elles créé trop d'attentes ? Finalement, le projet n’a jamais atteint le grand public. Google a mis ses lunettes au placard en 2015. Mais elles pourraient bien en sortir. En mai dernier, la firme a annoncé la sortie d’une deuxième version destinée aux entreprises. D’autres marques comme Apple annoncent aussi travailler sur des lunettes à réalité augmentée.
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