Les raisons de l'échec de la «perestroïka» de Mikhaïl Gorbatchev
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Mikhaïl Gorbatchev, décédé le 30 août à l’âge de 91 ans, arrive au Kremlin en 1985 avec l’intention de régénérer l’économie russe. Il lance des grandes réformes, mais la « perestroïka » débouche sur une crise économique.
« Perestroïka », qu'on traduit en français par « restructuration », signifie littéralement « construction d'une maison sur de nouvelles bases ». La « perestroïka », c'est la reconstruction économique de l'URSS. Quand il arrive au pouvoir en 1985, l'économie tourne au ralenti, la productivité est très faible, la qualité des biens industriels médiocre. Pour réveiller ce mastodonte ankylosé, il faut des moyens financiers très importants.
En promouvant la fin de la guerre froide, Mikhaïl Gorbatchev cherche à réduire les dépenses militaires de l'Union soviétique pour réallouer ce budget de l'État vers le développement économique. Voilà en gros l'état d'esprit qui prévaut en 1985. Mikhaïl Gorbatchev veut d'abord améliorer les performances économiques sans changer le système : pas question de renoncer à la planification, par exemple, ou au contrôle des prix. Et progressivement, il se tourne vers le modèle du socialisme de marché.
Deux grands chantiers pour revitaliser l'économie soviétique
L'un pour encourager l'essor du privé, l'autre pour réformer le secteur public. Le droit à la propriété privée est sans doute l'élément le plus fort en termes symbolique et pratique de cette « perestroïka » : il est rétabli en 1990. Les entreprises privées sont autorisées dans l’artisanat, le commerce et les services. Les coopératives de production sont également promues pour la fabrication des biens de consommation, et les investisseurs étrangers sont les bienvenus dans le cadre de sociétés mixtes.
Les entreprises d'État sont aussi concernées par ce vent de liberté, mais il ne fait que les effleurer. Le décret signé en 1987 leur accordant une plus grande autonomie ne sera pas vraiment appliqué. En 1991, après la tentative de coup d'État avortée contre lui, il trace un nouveau chemin vers l'économie de marché dans un discours prononcé devant le nouveau Parlement. Son objectif final est d'intégrer l'économie soviétique à l'économie mondiale. Un discours qui laisse les auditeurs de marbre. Quelques mois plus tard, faute de soutien politique, il se retire du Kremlin sans avoir pu accomplir ces réformes.
Un bilan économique désastreux en six ans
Il laisse une économie dans un état encore pire qu'à son arrivée en 1985. Les réformes n'ont jamais été réellement mises en œuvre, faute d'accompagnement suffisant et bien sûr à cause de la corruption et de la résistance de l'élite attachée à ses privilèges, et donc pas vraiment pressée de changer de système. La production baisse, il y a des pénuries, de l'inflation, les salaires ne sont pas payés, d'où un fort mécontentement social qui s’exprime par des grèves. L'État a emprunté massivement pour régler les salaires en retard, mais les finances publiques sont exsangues.
Une aide financière demandée auprès du chancelier Helmut Kohl à l'hiver 1990
L'Allemagne répond à cette demande, mais son soutien est mesuré, car elle doit déjà assumer la facture de la réunification. Les Européens sont favorables à un soutien financier à l'Union soviétique, mais pas les États-Unis. La Maison Blanche estime que soutenir une économie dirigée en cours de désintégration revient à jeter de l'argent par les fenêtres.
C'est seulement après la démission de Mikhaïl Gorbatchev que les États-Unis consentiront à une rallonge votée par le Congrès. Son successeur Boris Eltsine va redessiner la physionomie de l'économie russe avec des privatisations et des réformes beaucoup plus radicales, une période là aussi marquée par un fort déclin de l'économie.

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