Afrique du Sud: les coupures d’électricité plombent la reprise
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L'Afrique du Sud est une nouvelle fois frappée par des coupures drastiques d'électricité. Le président Cyril Ramaphosa qui devait se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, après avoir assisté aux funérailles d’Elizabeth II, a avancé son retour en Afrique du Sud à la suite de l'annonce de nouveaux délestages.

Sur une échelle de huit niveaux d'intensité, le niveau 6 a de nouveau été atteint, les coupures pouvant aller de dix à douze heures par jour à Johannesburg, et cela en plein hiver austral.
Le PDG d'Eskom, la compagne publique qui fournit 90% de l'électricité au pays, a présenté ses excuses pour ces nouveaux délestages après une énième avarie dans une centrale. Cette annonce n'est pas la première loin de là et le pays est familier de ces délestages, mais leur fréquence s’est intensifiée, le niveau 6 a déjà été atteint à deux reprises en juin dernier 2022 et en décembre 2019.
Ces coupure sont dues à des centrales au charbon mal entretenues et vieillissantes puisqu'elles ont pour la plupart une quarantaine d'années, et les pannes sont légions. En seulement sept jours, Eskom a dû faire face à plus d’une quarantaine d'avaries sur ses sites, ce qui a obligé la compagnie à réduire sa capacité de production de 50%.
L'Afrique du Sud est pourtant la première puissance industrielle du continent, le pays compte près de 60 millions d'habitants mais il est aujourd'hui incapable de répondre aux demandes énergétiques des ménages et des entreprises.
La croissance économique directement impactée par la crise énergétique
Depuis des années, la compagnie publique Eskom est criblée de dettes, en raison d'une mauvaise gestion et d'une corruption massive, ce à quoi il faut ajouter des conflits sociaux sur les salaires sur plusieurs sites. Et les pertes liées aux délestages actuels ont été évaluées à 40 millions d'euros par jour.
De leur côté, les entreprises doivent s'équiper de générateurs d'électricité pour ne plus dépendre du fournisseur public et pouvoir continuer à fonctionner normalement. Mais cela a un coût, ce qui décourage la création d'entreprises dans le pays. Une situation qui inquiète aussi les investisseurs étrangers et menace de faire dérailler les efforts de relance de l'économie.
Eskom est aussi le plus gros pollueur du pays qui dépend à 80% du charbon pour son électricité. L'État est signataire des accords de Paris et a été sommé d'agir, la justice a reconnu en mars dernier une violation du droit constitutionnel à respirer un air sain. Pour répondre à cette situation d'urgence, la compagnie Eskom a appelé particuliers et entreprises sud-africains à la sobriété en prenant l’Europe en exemple
Le président d'Eskom a incité les habitants à éteindre les lumières dans les bureaux la nuit et à éviter de faire tourner les pompes des piscines et les chauffe-eau aux heures pleines. Cette annonce a été accueillie avec consternation par les Sud-Africains, qui sont dans une situation précaire, le chômage atteint 34,5 % dans le pays du fait notamment de la pandémie de Covid-19 et l'Afrique du Sud n'est pas épargnée par la flambée des prix, de l’essence en particulier.
Déliquescence des services de l’État
L'impact des pannes d’électricité se fait surtout ressentir dans les townships, ces quartiers pauvres au faubourg des villes, où il faut parfois des mois avant de retrouver le courant; et des manifestations de colère éclatent régulièrement contre la déliquescence des services publics.
Du côté du gouvernement sud-africain, le 25 juillet dernier, le président Ramaphosa a annoncé des mesures pour faire face à la crise énergétique qui selon lui mettrait fin aux délestages.
Mais le retour de ces coupures d'électricité ne sont pas de bonne augure pour l'Afrique du Sud : les perspectives des agences de notation ne sont pas optimistes pour les mois à venir et l'inflation pèse lourd, elle a atteint un nouveau record de 7,8% sur un an en Juillet, son plus haut niveau depuis 13 ans.
Une économie déjà lourdement marquée après deux années de pandémie et qui commençait tout juste à remonter la pente, aujourd'hui la récession plane de nouveau avec un PIB en baisse de 0,7% au deuxième trimestre.
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