Le Nobel d’économie met en vedette le rôle des banques dans les crises financières
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Le prix Nobel d'économie a été attribué lundi 10 octobre à l'ancien président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, ainsi qu'à deux autres chercheurs américains. Trois experts en finance, récompensés pour leurs travaux sur le rôle fondamental des banques, surtout quand la crise survient.
Douglas Diamond et Philippe Dybvig ont démontré avec des modèles théoriques ce qui survient en cas de panique bancaire : les clients n'ont plus confiance et retirent leur argent, cela fragilise la banque voire la condamne alors que c'est l'intermédiaire indispensable pour faire circuler l'argent dans l'économie. Laisser une banque faire faillite quand éclate une crise financière, c'est enfoncer une économie dans la crise.
C'est ce qui s'est produit dans les années 1930 aux États-Unis, d'où la Grande Dépression. Ben Bernanke l'a démontré dans ses recherches académiques avant d'être nommé gouverneur de la Réserve fédérale. Quand la crise financière éclate en 2008, il veillera à sauver les banques, à l'exception de la Lehman Brothers. Ce prix Nobel récompense ainsi un chercheur qui a pu se frotter au réel, avec plus ou moins de bonheur.
Un bilan loué par les uns, très critiqué par les autres...
Son bilan est effectivement mitigé, et il faut le reconnaître, difficile à établir parce qu'on manque de recul pour en tirer des conclusions définitives. On lui reproche de n'avoir pas anticipé la crise des subprimes à l'origine de la débâcle de 2008. Mais en revanche, il a su agir après-coup en protégeant les banques. Ce qui a évité une lourde récession aux États-Unis et au reste du monde.
C'est lui aussi qui a formalisé et vulgarisé à grande échelle une thérapie quasi inédite : les taux zéro pour encourager le crédit et donc le redémarrage de l'économie et le « quantitative easing », c'est à dire l'injection massive de liquidités dans la machine économique pour soutenir l'activité. Cela a bien fonctionné, mais ce sont surtout les plus riches et les marchés qui en ont profité, lui reprochent ses adversaires. Il est prématuré aujourd'hui d'évaluer les effets nocifs de cet assouplissement monétaire qui s'est poursuivi jusqu'en 2021. Certains économistes pensent qu'il a alimenté les braises de l'inflation qu'on connaît aujourd'hui.
Les banquiers centraux sont-ils aujourd'hui parés en cas de crise ?
Oui et non. Oui bien sûr, parce que la régulation des banques a été renforcée pour les obliger à avoir des réserves conséquentes, aux États-Unis comme en Europe. Elles sont donc plus résilientes, et c'est à cette condition qu'elles seront soutenues en cas de tempête. Mais il y a des trous dans la raquette. Ce qui est exigé aujourd'hui des banques ne l'est pas forcément des autres acteurs financiers. Les fonds, qu'ils soient d'investissement ou de pension, les assurances, ne sont pas soumis aux mêmes règles dites prudentielles.
Les maillons faibles de la finance mondiale
Ce seront peut-être les vecteurs de la prochaine crise. Ce qui se passe au Royaume-Uni donne déjà un avant-goût de ces nouveaux risques qui prolifèrent en marge de l’activité bancaire. La Banque d'Angleterre a dû intervenir dans l'urgence la semaine dernière pour soutenir les fonds de pension. Affolées par la baisse de la livre, les caisses de retraites du royaume se sont mises à vendre compulsivement la dette britannique, ce qui a fait plonger leur valeur. Le soutien ferme et rapide de la Banque d'Angleterre a peut-être évité un nouveau tsunami financier, estiment certains experts.
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