Aujourd'hui l'économie

Inflation : un ralentissement... insuffisant pour la BCE et la Fed

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Des signes de ralentissement de la flambée des prix apparaissent depuis quelques semaines notamment en Europe et en Amérique du Nord. Un début de bonne nouvelle pour les consommateurs et les autorités, mais on est encore loin du compte.

Le siège de la BCE, à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 15 décembre 2022.
Le siège de la BCE, à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 15 décembre 2022. AFP - DANIEL ROLAND
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La courbe de l’inflation commence doucement à s’aplanir.

Aux États-Unis, l’indice des prix CPI, un indice de référence, est tombé à 6,5 % en décembre sur un an. Certes, cela reste important, mais la hausse des prix a été moins forte qu’un mois auparavant. En novembre, l'envolée atteignait 7,1% sur un an. Le taux d’inflation s’éloigne donc encore du pic du mois de juin quand il dépassait les 9% et touche en fin d'année le plus bas niveau de 2022.

Surtout, si l’on compare non plus par rapport au même mois de l’année précédente mais par rapport au mois précédent, les prix ont légèrement baissé : -0,1%, c’est très léger, c’est tout de même notable car c’est le premier repli depuis que l’épidémie de Covid-19 a mis l’économie américaine sous cloche, il y a près de trois ans.

Autre indice d’une tendance au ralentissement de l’inflation : la baisse des prix de production plus marquée en décembre que ne l’anticipaient les analystes.

Le Royaume-Uni et la zone euro ont, semble-t-il aussi, dépassé leur pic. Pour cette dernière, après une inflation à plus de 10% en octobre, elle est retombée à 9,2% sur un an en décembre.

Cela ne suffit pas pour autant à rassurer   

Ces indices, même s'ils font référence, ne sont pas les seuls indices scrutés par les économistes et ils ne permettent pas de dresser un panorama complet. Tous les produits ne voient pas leur prix évoluer de la même manière.

Le ralentissement est en partie dû à la volatilité sur la demande finale en énergie, ce qui tend à relativiser la bonne nouvelle.

En France, par exemple, dans une interview au JDD hier, Michel-Edouard Leclerc, le patron des supermarchés éponymes, a estimé que l’inflation atteindrait son sommet entre avril et juin.

Aux États-Unis, les prix des services, en particulier, continuent à inquiéter.

Et puis, l’inflation sous-jacente - un calcul qui permet de donner une tendance de fond - est restée certes stable en fin d'année dernière, mais élevée.

Quoiqu’il en soit, malgré le ralentissement d'ensemble, l’inflation reste loin de l’objectif cible de 2%.  

La BCE et la FED vont donc à continuer à augmenter leurs taux d’intérêt.

À Davos, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a jugé l’inflation « beaucoup trop élevée ». Et hier, Klaas Knot, membre néerlandais du Conseil des gouverneurs de la BCE a plaidé pour un relèvement de 50 points de base en février et en mars.

Du côté de la Fed, des gouverneurs continuent de vouloir mener une politique de resserrement monétaire. Les taux devraient rester élevés au moins jusqu’en 2024.

Et ce resserrement a un effet sur l'activité et sur les Bourses

Le marché des actions s’est essoufflé en milieu de semaine dernière face à des signes de ralentissement de l’économie et face à la fermeté des banquiers centraux. Vendredi, les déclarations d’un gouverneur de la Fed, qui plaidait pour un relèvement plus modéré à 25 points de base contre 50 la dernière fois, a un peu rassuré les investisseurs.

En revanche, au Japon, la Banque centrale navigue à contre-courant par rapport à ses consœurs

Le gouverneur de l’institution nippone a confirmé vendredi qu’il poursuivrait une politique accommodante, une politique favorable donc à la consommation et par ricochet à l’inflation. L’inflation dans l’archipel est restée certes plus modérée qu’en Europe et aux États-Unis, mais avec 4% sur un an en décembre, elle s’est hissée à sommet qu’elle n’avait plus atteint depuis 1981.

Le banquier central mise sur une décrue à partir de février et parie que, dans ce pays qui a longtemps lutté contre une trop faible inflation voire la déflation, elle sera inférieure à 2% sur l’ensemble de 2023

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