Adani: pression sur les titres après un rebond de courte durée
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Adani Enterprises, le fleuron du conglomérat du milliardaire Gautam Adani, présente ce 14 février, ses résultats trimestriels, plus scrutés que d'habitude. La compagnie tentaculaire du magnat indien est toujours secouée par la publication, il y a tout juste trois semaines, d'un rapport d'une société d'investissement américaine, accusant le groupe de fraude. En attendant les résultats, et alors que les autorités se sont emparées de l'affaire, le groupe Adani tente de rassurer.

Rassurer, c'est désormais le leitmotiv d'Adani. Le conglomérat promet que sa trésorerie est solide et que le financement de son activité est assuré. Promesse faite également auprès de Reuters que le bilan de chacune des entreprises de son empire « est très sain ». C'est aussi dans la perspective d'apaiser les investisseurs que le groupe avait annoncé le remboursement anticipé d'une facilité de crédit de 1,1 milliard de dollars alors que l'échéance était initialement fixée à septembre 2024. Et la stratégie a fonctionné, momentanément du moins. Dans la foulée, mardi et mercredi derniers, le titre Adani Enterprises a rebondi de 15% à plus de 20 % avant de rechuter.
Rechute entraînée par une série de signaux négatifs
Une société qui publie des indices boursiers a révisé le flottant des titres, « la proportion d'actions en circulation considérées comme disponibles à l'achat sur les marchés boursiers publics par les investisseurs internationaux ». Cela a entrainé la dégringolade du titre de plus de 9%.
Le même jour, le fonds souverain norvégien, le plus gros investisseur boursier du monde, a annoncé avoir vendu ses parts dans trois sociétés du groupe et s'être totalement désengagé des entreprises Adani. Il détenait encore l’équivalent de 200 millions de dollars d'actions fin 2022. La raison de ce retrait total n'a pas été précisée par le fonds qui s'était déjà désinvesti de plusieurs filiales ces dernières années - essentiellement pour des raisons environnementales.
La veille, TotalEnergies avait suspendu son partenariat en vue de créer un géant de l'hydrogène. La major française, par ailleurs partenaire dans une coentreprise avec Adani, attendra les conclusions d'un audit avant de décider s'il signe ou pas.
À la liste des mauvaises nouvelles pour le conglomérat indien la semaine dernière, la dégradation des perspectives de notations de certaines entités du groupe par Moody's.
Si les titres Adani ont ouvert la semaine à la baisse, cela n'est sans doute pas non plus étranger aux révélations de Bloomberg News dimanche. Selon l'agence de presse, le conglomérat prévoit de reporter des investissements et a largement sabré ses prévisions de croissance. Pour la prochaine année fiscale, il viserait une croissance de 15 à 20%, très en deçà des 40% espérés jusque-là.
Sur le fond de l'affaire, où en est-on ?
Le Groupe Adani a demandé un audit indépendant. Selon Reuters, c'est le cabinet Grant Thorntorn qui en a la charge. Le conglomérat espère voir ainsi les accusations d'Hindenburg Research discréditées. Hindenburg Research, qui avait parié à la baisse sur les titres Adani, accuse des responsables de l'entreprise d'évasion fiscale et de manipulation de cours.
En termes de baisse, la petite société américaine a été servie : depuis la publication, le conglomérat a vu s'évaporer quelque 120 milliards de dollars de valeur boursière.
Adani n'est pas seul à vouloir mener l'enquête. La Sebi, gendarme de la Bourse indienne, a confirmé, le 13 février, pour la première fois mener des investigations. Des investigations qui portent notamment sur une vente d'actions d'une valeur de 2,5 milliards de dollars qui a dû être annulée ; investigation sur les allégations d'Hindenburg Research et sur le comportement des marchés avant et après la publication du rapport.
L'annonce en a été faite auprès de la Cour suprême. Elle a tenu une audience le 13 février pour examiner des requêtes sur la protection des investisseurs.
► EN BREF
L'économiste Kazuo Ueda désigné pour gouverner la Banque du Japon.
Universitaire éminent, il a déjà siégé au Conseil de politique monétaire de l'institution de 1998 à 2005. Décrit comme prudent et réfléchi et comme un bon communicant, il arrive à un moment charnière pour la BoJ.
Sa politique monétaire ultra-accommodante détonne dans le contexte mondial d'inflation élevée et de hausses des taux. Mais la détricoter sans dommage ne sera pas aisé.
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