Quelles solutions mettre en œuvre face à la pénurie d’eau ?

La sécheresse sévit en Europe depuis l’été 2022. Dans d’autres régions du monde, c’est déjà un phénomène récurrent depuis plusieurs années. Face à la pénurie d’eau qui menace, des solutions commencent à être mises en œuvre.

Le lit de la rivière desséchée du Gardon près du pont Saint-Nicolas de Campagnac à Saint-Anastasie, dans le sud de la France. (Image d'illustration) © AFP/Pascal Guyot

En ce moment l’Europe doit d’abord faire face à l’urgence, avec des solutions provisoires. En France, Coucouron, un petit village du sud-est, est approvisionné par camion-citerne depuis juillet 2022 car quasiment toutes ses sources ont tari. À cause de la sécheresse la production électrique des barrages français a diminué de plus de 20% en 2022, faute de remplissage suffisant des cuves. EDF lâche régulièrement de l’eau pour que les besoins domestiques soient couverts. La pluie qui tombe en ce moment ne suffira pas à combler le déficit. Cinq départements sont déjà en alerte renforcée. Cette semaine, en Italie, le manque d’eau a contraint Arcelor Mittal à arrêter son usine sidérurgique installée sur les bords du lac de Côme. En Europe, depuis quelques mois, on redécouvre à quel point l’usage de l’eau est crucial dans toutes les activités humaines. En moyenne, les particuliers consomment 10 % de l’eau potable, l’industrie 20 % et l’agriculture 70 %.

Ces épisodes de sécheresse sont responsables du manque d’eau ?

Le réchauffement avec le manque de pluie qui l’accompagne a aggravé le déficit, mais ce n’est pas la seule cause. La demande augmente avec la hausse de la population et les autorités n’ont pas toujours anticipé cette évolution. Si la situation est critique aujourd'hui, c’est aussi le fruit d’un sous-investissement chronique dans les services de l’eau. En France, par exemple, les communes remettent souvent à plus tard l’entretien des canalisations, d’où une déperdition de 20 % dans les tuyaux. En Italie, les fuites sont de l’ordre de 40 %.

Dans l’agriculture et l’industrie, le sujet commence à être pris très au sérieux.

Car il existe des solutions techniques pour assurer les besoins en eau de ces deux activités les plus énergivores. Tout ce qui permet de baisser la consommation est bienvenu : avec une autre approche culturale dans l’agriculture, et des systèmes d’irrigation basés sur la sobriété. Le recyclage des eaux usées est une autre composante de la sobriété. En Israël 90 % des eaux usées sont réinjectées. En Espagne 15%, en France seulement 1 %. L'autre piste pour s'adapter à la raréfaction de l'eau douce consiste à augmenter la ressource. En dessalant l’eau de mer. Une solution mise en œuvre à grande échelle dans les pays du Golfe où près de 70 % des besoins en eau douce proviennent des stations de dessalement. En dix ans, leur nombre a presque doublé dans le monde. Il y en a aujourd’hui 21 000. L'Europe commence à s'y mettre. Le Royaume-Uni a construit une usine de secours pour ses jeux olympiques. Barcelone a également une station qui est devenue vitale pour les habitants. Depuis le début des années 2000, cette activité connaît une croissance d’environ 10 %.

Les investissements sont-ils à la hauteur des besoins ?

L'eau est souvent gérée au niveau local. Par les collectivités territoriales. Elles ont parfois du mal à financer les investissements nécessaires. Certains projets comme les usines de dessalement sont très lourds, ils impliquent l'engagement des États. Via des partenariats publics privés. Du côté du privé, les investisseurs commencent à prendre conscience de l'importance des besoins. Et de leurs retombées potentielles. « L’eau est un nouveau sujet, peu couvert jusqu’à maintenant » selon Nicolas Jacob, gérant du fonds ODDO BHF Green planet. Quelque 5 % de ce fonds en action dédié aux entreprises actives dans la transition écologique est affecté à la thématique de l'eau.