Aujourd'hui l'économie

La menace d’une crise bancaire continue à planer

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Cette semaine, les marchés restent en alerte, obsédés par le risque d’une crise bancaire, malgré les réactions très rapides des pouvoirs publics et leurs discours très rassurants. La Deutsche Bank est, depuis vendredi 24 mars, dans l’œil du cyclone.

Le siège de la Deutsche Bank à Francfort, en Allemagne, en 2020.
Le siège de la Deutsche Bank à Francfort, en Allemagne, en 2020. AP - Michael Probst
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Selon le chancelier Olaf Scholz, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir sur la première banque allemande. Ce que confirme ses résultats, des bénéfices records en 2022. Mais cela ne suffit pas visiblement à faire oublier sa mauvaise réputation. Les accusations de blanchiment et fraudes émaillent son histoire récente, et ces faits sont encore dans la mémoire des marchés qui scrutent et surinterprètent la moindre opération de la banque en qui ils voient désormais le nouveau maillon faible.

En remboursant plus tôt que prévu une partie de ses obligations dites subordonnées, elle a déclenché leur défiance vendredi 24 mars. Les marchés y ont vu un signe de nervosité, alors qu’ils auraient pu se réjouir de sa capacité à rembourser plus rapidement que prévu. Son action a violemment dévissé. Dans cette crise qui couve, aucun magicien du verbe n’a réussi jusqu'à maintenant à vaincre la défiance.

Les pouvoirs publics américains ont vivement réagi après la panique du premier maillon, la Silicon Valley Bank. Auraient-ils pu agir en amont ?

Les régulateurs ont averti la banque dès 2019 sur le fait qu'elle n'était pas assez prudente dans sa gestion du risque. Sans pour autant réaliser que le nombre de comptes non-assurés était devenu en soi un problème. Et sans aller jusqu’à prendre des sanctions. Une étape qui doit être motivée par des preuves bien étayées, ce qui peut prendre des mois à réunir.

La lenteur de leurs procédures, portée par un climat favorable au desserrement des contraintes, fait certainement partie des points faibles qui seront examinés de près par les enquêteurs mandatés par la Réserve Fédérale. Son président, Jerome Powell, estime que les régulateurs doivent s’adapter à notre ère numérique. Avant les smartphones, il fallait se rendre au guichet, ou au moins téléphoner à sa banque pour retirer son argent. Cette opération s’effectue aujourd’hui d’un simple clic sur un téléphone portable. Il faut donc trouver une parade à cette accélération. En Suisse, la ministre des Finances a indiqué durant le week-end du 25-26 mars qu’elle s’est inquiété du sort du Credit Suisse dès sa prise de fonction en décembre. Là encore, la prise de conscience est insuffisante, car la banque a elle aussi été emportée par une panique bancaire.

Des paniques bancaires d’autant plus impressionnantes qu’elles ont été le fait des clients les plus riches.

Après la débâcle des subprimes qui renfermaient des crédits que les banquiers avaient accordés en fermant les yeux sur la solvabilité des ménages, ils sont devenus plus frileux, et certains se sont tournés vers la clientèle des gens aisés, considérée comme plus sûre. À la SVB, les comptes courants dépassant le seuil des 275 000 dollars garantis par la loi étaient très nombreux. First Republic est aussi une banque orientée vers ce type de clientèle, et Credit Suisse était historiquement une banque de milliardaires.

Ces clients fortunés, et très informés, ont été les plus rapides à retirer leur argent.

Vu l’importance de leurs dépôts, leurs retraits ont décuplé l’effet de panique bancaire. Contrairement à 2008, ce ne sont pas les pauvres qui sont les premiers affectés par la crise, mais les riches. Peut-être le début de la « richsession », selon le Wall Street Journal. Le quotidien américain des affaires a inventé ce terme en janvier, pour décrire ce qu'il pressentait pour cette année : une crise économique qui frappe d'abord le haut de la pyramide des revenus. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui sont dans le bas seront épargnés.

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